Benjamin Huin, jeune maire de Zimmerbach (Haut-Rhin), accessoirement énarque et haut-fonctionnaire à Paris, sert ce mardi 3 septembre, les 70 repas à la cantine scolaire de son village. Une solution transitoire, le temps de combler deux postes encore vacants au périscolaire.
Ce midi à la cantine commune de Zimmerbach-Walbach, c'est spaghetti bolo. Un grand classique de la restauration collective. Ce qui l'est un peu moins, par contre, c'est le service. Aujourd'hui, il est assuré par le maire en personne, Benjamin Huin, 32 ans, énarque davantage rodé aux audits financiers qu'aux financiers aux amandes.
La situation pourrait prêter à sourire, elle est assez savoureuse, avouons-le, si elle n'attestait pas un réel problème. Celui du recrutement du personnel dans le secteur de l'enfance et la petite enfance.
Problème de recrutement
"C'est simple, il nous faut sept personnes tous les jours pour assurer les services périscolaires de notre structure, Les lutins du Hohnack. Actuellement, il nous en manque deux. Alors, ma compagne et moi participons."
Jusqu'à mi-septembre, ce sont donc, à l'instar de Benjamin Huin, des bénévoles qui boucheront les trous dans le gruyère. "Retraités, parents d'élèves, élus, c'est le système D."
Nous sommes tous, élus des collectivités locales, confrontés à ce problème de recrutement
Benjamin Huin, maire de Zimmerbach
"Nous sommes tous, élus des collectivités locales, confrontés à ce problème de recrutement. Nous avons une double difficulté lors de ces embauches. La nature du contrat, 10h/ semaine, sur la pause méridienne, et la formation de ces personnels qui doivent avoir le Bafa ou un CAP petite enfance. Ce n'est pas très attractif et c'est assez contraignant."
Ce n'est pas la première fois que le système D est mis en place dans la commune. "En 2022-2023, notre périscolaire était complet, faute de locaux suffisamment grands, et des enfants sont restés sur le carreau. Ce sont des bénévoles qui accompagnaient ces enfants-là jusqu'au restaurant de Walbach où le chef cuisinier leur faisait des petits plats équilibrés au même prix que les repas cantine. Depuis nous avons fait des travaux, c'est juste pour vous dire qu'à l'échelle locale, la solidarité est d'une importance capitale. Je me devais aussi de le faire."
Meilleure rémunération
Maire, nous l'avons dit, mais aussi fonctionnaire à l'Inspection des finances, Benjamin a donc une idée bien précise pour régler, une bonne fois pour toutes, ces problèmes de recrutement."Il nous faut agir sur trois leviers différents : remettre les gens au travail en rendant l'activité plus attractive que le chômage, en par exemple pouvant cumuler emploi et aides sociales ou en conditionnant ces dernières à la reprise d'activité. Ensuite, mieux rémunérer les personnels à l'enfance et la petite enfance, et pour ça, nous, collectivités, avons besoin de l'État. Ici, Zimmerbach et Walbach ont mis, chacune, 30 000 euros de subventions pour la cantine, nous sommes juste à l'équilibre, nous ne pouvons pas davantage débourser. Pour finir, faciliter les formations et fluidifier ce marché-là."
En attendant ces grandes réformes et le recrutement de deux personnes supplémentaires prévues en octobre, Benjamin Huin met la main à la pâte. Ou plutôt aux pâtes.