La députée Brigitte Klinkert et le maire de Zimmerbach, Benjamin Huin-Morales, tous deux haut-rhinois, plaident pour un nouveau cycle mémoriel en Alsace Moselle. Dans une tribune publiée dans Le Monde, ils souhaitent que l'annexion de fait et l'incorporation de forces figurent dans les programmes et manuels scolaires..
C'est un événement encore trop méconnu de l'Histoire de France. Ce dimanche 25 août 2024 est commémoré en Alsace-Moselle le décret du 25 août 1942. Il marque le début de l’incorporation de force des Alsaciens-Mosellans dans les forces armées nazies.
Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, la députée haut-rhinoise Brgitte Klinkert et Benjamin Huin-Morales, maire de Zimmerbach (Haut-Rhin) en appellent à un nouveau cycle mémoriel en Alsace-Moselle.
Bientôt rajouté au programme scolaire ?
Il y a 82 ans, plus de 130 000 Alsaciens et Mosellans ont été contraints de rejoindre les rangs de l'armée allemande. Parmi eux, "20 000 furent portés disparus dans les camps soviétiques, 30 000 furent blessés, 40 000 furent tués", rappellent les auteurs de la tribune. "C'est un sentiment d’oubli et de justice mémoriel", déclare Benjamin Huin-Morales. Si ce chapitre de l'Histoire n'est pas étudié au collège et au lycée, tout comme l'annexion de fait de l'Alsace, il a pourtant marqué la population régionale. Alors, les élus font quelques propositions, dont celle de mettre en lumière ce pan de l'Histoire dans les manuels scolaires.
Députée depuis 2022, Brigitte Klinkert avait déjà entrepris des démarches auprès du ministère de l’Éducation. "Nicole Belloubet, était intéressée par le sujet, mais elle n'est pas restée longtemps au gouvernement". La députée de la première circonscription du Haut-Rhin poursuit : "A priori, c'est compliqué de faire changer les programmes d’histoire, mais on y croit."
Une visibilité dans l'espace public
Ce cycle mémoriel doit ensuite passer par une visibilité dans l’espace public pour qu'il soit visible "en permanence et par tous". Le duo alsacien aimerait voir apparaître une plaque commémorative dans la galerie des Invalides "en la mémoire de tous les incorporés de force". Une plaque pourrait également être installée devant tous les cimetières européens où sont enterrés des incorporés pour expliquer ce que fut l’incorporation de force. "Ce sont des mesures qui nous tiennent à cœur", témoigne Brigitte Klinkert.
VIDÉO. "Nous avons un devoir de mémoire" : l'Alsace commémore les 80 ans de l'incorporation de force
Enfin, les deux Alsaciens souhaitent "une cérémonie nationale et officielle comme à l’image du 11 novembre", avance la députée et que "le message ministériel lu dans chaque commune mentionne la situation des Alsaciens-Mosellans allemands pendant la Première Guerre mondiale". "Ils n'ont pas choisi de se battre pour l'Allemagne, mais à ce moment-là, l'Alsace appartenait à l'Allemagne". L'ancienne ministre conclut : "Ça reste une vraie plaie pour les familles et l’Histoire".
"Alors que 2024 et 2025 marquent le 80e anniversaire du Débarquement puis de la Libération, il est temps d’ouvrir un nouveau cycle mémoriel en Alsace-Moselle", estiment de concert les deux élus haut-rhinois.