Adolescent soupçonné de terrorisme : ce que l'on sait de ce garçon de 14 ans passionné d'explosifs

Un garçon de 14 ans a été arrêté mardi 4 avril à Rosenau (Haut-Rhin) par des policiers de la DGSI. Il est mis en examen par le parquet national anti-terroriste pour association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteintes aux personnes et une information judiciaire est ouverte pour déterminer s'il projetait de faire une action violente.

L'adolescent de Rosenau a été arrêté mardi 4 avril alors qu'il attendait le bus avec sa sœur par une quarantaine de policiers cagoulés. Ils ont aussi procédé à la perquisition du domicile familial.

Pour ses proches, c'est la stupeur. Depuis toujours, il fabriquait des pétards lui-même, dans la cuisine. Sa mère lui achetait les produits, il les faisait exploser dans le champ de son grand-père, maraîcher. Bien sûr, comme de nombreux adolescents, il passait beaucoup de temps sur son ordinateur. 

Le reste, ce sont les enquêteurs qui le leur apprennent.

Les parents ont alors chargé Maître Pierre Lumbroso de défendre leur fils, depuis qu'il est déferré à Levallois-Perret, au Parquet national antiterroriste.

L'avocat pénaliste nous explique qui est son client.

Un garçon de 14 ans sous le choc

"C'est avant tout un enfant. Je ne sais pas comment il va, ce matin, parce qu'il est parti à la campagne avec ces éducateurs pour se remettre du choc qu’il a eu.

Quand on a 14 ans et qu’on se retrouve interpelé par 40 bonshommes cagoulés sous un abribus alors qu’on accompagne sa petite sœur a l’école, ça fait un choc.

Quand on passe 48h en garde à vue avec la DGSI [direction générale de la sécurité intérieure, ndlr], alors qu’on ne sait pas ce que ca veut dire, ça fait un choc.

Et quand on est transféré dans la nuit au dépôt à Paris et qu’on vous explique que vous avez commis des actes terroristes et que vous avez l’intention de commettre des actes terroristes, il était comme un petit garçon qui voulait voir son papa et sa maman parce qu’il ne comprenait plus ce qu’il lui arrivait

Je pense qu’il va mieux, mais hier il n’était pas frais."

Un passionné de chimie, prêt à tout pour améliorer ses explosions

"Il s’agit d’un lycéen très brillant, il a un an d'avance, il est en seconde. Et il est fou d’explosifs. Pourquoi ? Les psychologues nous le diront peut-être [sourire].

Depuis qu’il est petit, il demande à ce qu’on lui achète du salpêtre, du bicarbonate et il fait le petit chimiste dans sa cuisine, d’ailleurs encadré par sa maman. Il fait des pétards et les fait exploser dans le champ de son papy.

Et puis quelqu'un lui dit, "viens sur le darknet, il y a des djihadistes, ils ont des formules pour faire des bombes bien plus opérationnelles que les tiennes. Tu vas voir ça va être beaucoup plus intéressant, ça va faire de gros feux d’artifices".

Il a réussi à entrer en contact sur le darknet avec des djihadistes, il a téléchargé des choses. Et il a vu des vidéos horribles de décapitations, ça aussi il va falloir qu’il s’en remette."

Un adolescent qui rentre en contact avec un djihadiste

"Il eu un contact avec un combattant syrien avec qui il a commencé à chater. C’est là que les services de police ont commencé à avoir peur. Ils sont tombés dessus, et fort heureusement !

D’un côté le jeune voulait avoir ces fameuses formules magiques pour faire des explosifs. Et de l’autre côté le combattant syrien commençait à vouloir le manipuler et à l’amener à faire des choses qui auraient pu être extrêmement dangereuses.

Pour l’instant on ne sait pas qui est ce combattant syrien. Mais c’est sûr qu’il parlait français, parce que le jeune garçon ne parle pas arabe.

Il y a eu un emballement autour de cette histoire. Il n’y a pas de recruteur, il n’y a pas de bombe, pas de bombe dans le lycée ! Plein de rumeurs ont commencé à se propager dans le village.

Il y a juste ce contact, le 31 mars. Et les policiers ont attendu de voir qui manipulait qui et comment, pour intervenir. Et ils l’ont exfiltré pour le sortir de ce mauvais pas dans lequel il était en train de se mettre."

Appel au calme

"Depuis hier, des jeunes montrent sa photo dans le lycée et dans son quartier, et ils profèrent des menaces de mort, en disant qu’ils vont lui faire la peau s’il revient. Je voudrais qu'ils se calment.

Et je voudrais aussi rassurer les familles : dans le dossier il n’y a rien qui montre que ce jeune garçon avait l'intention de poser une bombe."

L'enquête en cours permettra de comprendre ce qui s'est passé et si véritablement l'adolescent avait de mauvaises intentions.

Une information judiciaire a été ouverte du chef "d’association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteintes aux personnes et infraction à la législation sur les explosifs en relation avec une entreprise terroriste".

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