Centième fresque pour un mur de près de cinq mètres de haut : “c’est comme un film qui se déroule sous nos yeux”

Au cœur de Mulhouse, le M.U.R. affichera bientôt sa 100e fresque. L’artiste Bysar a investi les lieux sous les yeux des passants. Accompagné de Lynda Freymann, la directrice de l’association M.U.R. Mulhouse (Modulable, Urbain et Réactif), ils reviennent sur ce projet qui promeut l’art pour tous.

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Les gens s’arrêtent. Des habitués, des passants, des passionnés. Tout le monde a un mot à dire.” Depuis ce lundi 29 juillet il y a beaucoup, beaucoup de rose rue de la Moselle. L’artiste Bysar a commencé la 100e fresque du M.U.R. de Mulhouse. “Ce n’est pas du rose Barbie, c’est du rose qui pète, qui attire l’œil. Tout est gris dans les villes. Je cherche toujours à apporter de la vie. 

S’il veut changer de peinture ou boire de l’eau, Lynda Freymann est là. “J’ai les yeux d’un enfant quand je vois un artiste commencer sa création. C’est comme un magnifique film qui se déroule sous mes yeux. Elle est directrice de l’association M.U.R. Mulhouse depuis 2017. À sa création, le M.U.R. Mulhouse était le 4e en France. Aujourd’hui, il y en a une cinquantaine. Pour elle, le M.U.R représente l’humain et la vie. Il change d’hôte toutes les six semaines. “Nous sommes aussi éphémères que ce mur. On a tous un début et une fin.” Il faudra donc profiter de l’œuvre de Bysar rapidement. Qu’en pense l'artiste ? “Si le M.U.R. n’était pas éphémère, je ne serais pas là aujourd’hui. 

L’artiste originaire de Blodelsheim peindra au-dessus des 99 fresques recouvertes au fil des onze dernières années. “J’essaie de ne pas trop penser à l’héritage sur lequel je vais créer. Le plus important, c’est que ça me plaise. Je suis très exigeant avec moi-même, donc ça ne va pas être facile.” Il vient de commencer, mais le dessin est tout prêt dans sa tête. Sans trop en dire, l’artiste touchera au thème mythologique de celui qui s’approche trop du soleil. Idéal pour ce mur de 4,90 mètres de haut. 

Partager l’art avec tous 

Depuis l'inauguration du M.U.R. par l’artiste Shaka en 2013, l’objectif est de partager. D’apporter l’art urbain à tous les publics. “Il y a du passage. L’interaction avec les gens me plaît. Je rigole avec les gens, les enfants s’arrêtent et chuchotent entre eux”, raconte Bysar.  

N’importe qui peut participer. “Si on donne carte blanche à un artiste, on donne carte blanche à tous les artistes.” Et la liste des impatients de recouvrir la précédente fresque est longue. Plus de 180 artistes attendent leur tour. Certains viennent avec un projet, d’autres souhaitent s’imprégner de la ville et improvisent. Tous sont libres, et Bysar y tient. “C’est obligatoire pour moi. Les règles et les artistes ne font pas bon ménage.” 

L'art de la débrouille 

Pour Lynda Freymann, le M.U.R., c’est “la passion, la couleur, l’humour et l’émotion. En pleine ville.” Il embellit la ville et participe à sa culture urbaine. Pour une année d'activité, le projet coûte environ 34 000 euros. La Ville participe mais ce n'est pas suffisant.  “Nous n’avons pas beaucoup de moyens. J’héberge souvent les artistes. L’opticien et le fleuriste d’à côté nous aident pour stocker le matériel la nuit. Depuis 2018, l’association collabore avec Seigneurie Gauthier qui fournit les peintures pour les fonds. Un soulagement financier pour Lynda qui a parfois dû sortir ces sous de sa poche.

Une cagnotte solidaire est en ligne pour récolter des fonds. L’association espère avoir ses propres locaux un jour. Mais Lynda Freymann est déjà ravie que “des artistes locaux et internationaux veuillent venir participer au projet.” Sa passion pour la création et l’art urbain est ce qui l’anime. L’art doit rester au premier plan, mais il faut que ce projet puisse perdurer”, confie Bysar. Le créateur du centième M.U.R. aura jusqu’au vernissage prévu le 1er août pour finir de transmettre son message de 11 mètres de large.  

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