Le mois de novembre, consacré "mois sans tabac", et l'augmentation du prix de paquet de cigarettes en France vise à réduire le nombre de fumeurs. Mais qu'en pensent les principaux intéressés? Entre ras-le-bol et indifférence vis-à-vis des campagnes anti-tabac, nous leur avons donné la parole.
Pas facile aujourd'hui d'être fumeur. Entre la pression sociale entretenue par les campagnes anti-tabac pilotées par le gouvernement et l'augmentation de 80 centimes en moyenne du paquet de cigarettes effective depuis le 13 novembre, les fumeurs ont subi deux nouvelles estocades.
Pour la deuxième année consécutive, le mois de novembre a été labellisé "mois sans tabac" matérialisé par le hashtag #MoisSansTabac, l'occasion donc... de donner la parole aux fumeurs, en particulier ceux qui ne comptent pas arrêter de si tôt. A Mulhouse, leurs réactions valent le détour.
Patrice, 64 ans, retraité
"Nous les fumeurs on est maltraités. Toute la politique anti-tabac ignore complètement le plaisir que fumer peut procurer, et aussi le fait que c'est culturel. La politique publique de santé concernant de tabac, c'est de l'abus de pouvoir et c'est exécrable, parce qu'on est des citoyens matures et consciencieux, donc qu'on nous dise quoi faire pour être en bonne santé, il y a un moment où ça suffit. Il faut qu'on arrête de nous prendre pour des débiles. Chez moi, fumer c'est une tradition familiale, mon grand-père roulait des clopes, mon père et ma mère aussi, et moi je fume depuis mes 20 ans et je n'ai aucun problème, mes poumons vont très bien. Après, je ne fume pas n'importe quoi, pas de cigarettes américaines par exemple, qui sont bourrées de chimie, je consomme du tabac brun avec un papier aéré."
Audrey, 27 ans, vendeuse
"C'est vrai que les prix augmentent, que les endroits où on peut fumer se réduisent, et on a l'impression qu'on n'est plus les bienvenus. Pour moi, c'est une habitude depuis quatorze ans maintenant. et même si j'ai arrêté lorsque je suis tombée enceinte, j'ai repris ensuite. Ca ne m'apporte rien de particulier, à part dépenser de l'argent, détruire mes poumons, mais aussi décompresser un peu. Ce qui est sûr, c'est que j'aimerais qu'on nous laisse tranquille et qu'on ne nous montre pas du doigt."
Alan, 26 ans, préparateur de commandes
"Personnellement je n'ai pas le sentiment qu'on me montre du doigt, et si c'était le cas ça me serait bien égal. Fumer, ça me permet de déstresser, de faire passer le temps aussi parfois. J'ai commencé il y a cinq ans, avec les sorties et les soirées et depuis je n'ai pas arrêté, je me sens bien comme ça. Peut-être que j'arrêterais un jour, si je trouve la motivation et assez d'envie."
Carmela, 58 ans, chômeuse
"Si je me sens oppressée? Non pas du tout. Regardez autour de moi les gens passent alors que je fume. J'ai bien le droit de faire ce que je veux, non? Bien sûr, j'ai déjà pensé à arrêter, mais je côtoie des fumeurs au quotidien et ce n'est pas évident. Je fume depuis mes 13 ans, et je pense que c'est surtout un tic qui permet de diminuer un peu le stress. Pour ce qui est des campagnes anti-tabac, je ne suis pas d'accord avec la finalité. On a beau augmenter le paquet jusqu'à dix euros, on continuera à fumer. Un vrai fumeur trouvera toujours le moyen de trouver des cigarettes.