Marie-Hélène Lamy-Gallet est une miniaturiste bretonne née à Mulhouse (Haut-Rhin). Elle conçoit des scènes de vie quotidienne à partir de matériaux artisanaux et/ou recyclés. L'une de ses dernières réalisations (juin), une cuisine alsacienne typique basée sur ses souvenirs, a beaucoup plu.
C'est une charmante cuisine alsacienne, avec un four ancien et des bredeles en train d'être confectionnés sur une table rustique. Une cuisine miniature, puisqu'elle pourrait aisément tenir dans une boîte à chaussure.
On la doit à Marie-Hélène Lamy-Gallet, qui se dit volontiers miniaturiste. Concevoir ces petites scènes de vie tirées le plus souvent de souvenirs, comme autant de facettes d'une vie, c'est sa passion.
Auxiliaire de puériculture de profession, elle est née en 1966 à Mulhouse (Haut-Rhin). Et a suivi son mari breton à Morlaix (Finistère, dont vous pouvez apercevoir la mairie dans la vue panoramique ci-dessous).
Marie-Hélène Lamy-Gallet a accepté de partager sa passion avec France 3 Alsace. La miniaturiste ne se sent guère maquettiste. "La maquette, c'est de la reproduction. Ce n'est pas du tout ce que je fais : c'est beaucoup plus créatif que ça. Plus artistique : je laisse parler mon cœur."
"Pour moi, c'est bien plus libre qu'une maquette, je peux m'exprimer. C'est un peu comme faire un tableau. C'est faire passer des choses à travers ce que je fais, des émotions. Y mettre un sens, raconter une histoire." Scènes miniatures, grande narration.
L'artiste fait passer "sensations et émotions". Des "choses de ma vie personnelle symbolisées dans ces scènes miniatures. J'essaye de faire en sorte que ça provoque une émotion chez la personne qui aura la vitrine : je fais des cadeaux, j'ai des commandes... Mon côté artistique s'exprime de cette manière-là."
C'est un peu comme faire un tableau.
Attention, cela reste une passion "maîtrisée, et pas une machine à fabriquer". Pas question d'en faire un métier, un gagne-pain, un sacerdoce : c'est un grand "non". Cela s'éloignerait de l'esprit que veut insuffler Marie-Hélène Lamy-Gallet dans ses œuvres. "Je veux garder ce côté artistique. Même les commandes des gens, je ne peux pas faire de copier-coller : il faut qu'ils acceptent que je transforme leur idée à ma manière." Et ils en sont ravis.
Il y a un réel côté madeleine de Proust dans ces scènes miniatures. C'est indéniablement le cas pour la petite cuisine alsacienne, réalisée durant le mois de juin. "Je vis en Bretagne mais je suis alsacienne, je suis née à Mulhouse de parents alsaciens. Cette vitrine, c'était un moment de nostalgie : j'avais envie de replonger dans tout ça, et je l'ai exprimé comme ça." D'où le nom de cette vitrine : Mon Alsace bien-aimée.
"C'était au fond de mon cœur, et je voulais la transformer en quelque chose de matériel, cette appartenance à l'Alsace." Habituellement, la miniaturiste exécute des vitrines "plus bretonnes". Souvent bleues : c'est sa couleur préférée. Qui a donné son nom à sa page Facebook : Les petits volets bleus. On y retrouve la fameuse cuisine alsacienne (à retrouver dans la publication ci-dessous).
Cette Alsace bien-aimée a aussi eu un beau succès sur le groupe Facebook J'aime l'Alsace : 250 j'aime, une cinquantaine de commentaires. "C'est important pour moi d'avoir des retours, de voir l'impact que ça a sur les personnes. Mais ce n'est pas pour me gargariser de likes." Les retours pour ses œuvres sont si élogieux que Le Télégramme et Ouest-France en ont parlé durant le printemps...
"En Bretagne, je fais de la cuisine alsacienne, les petits gâteaux à Noël... J'en ai ce souvenir, cette odeur aussi... je voulais la transmettre, quand on faisait ces petits gâteaux, du pain d'épice. C'est ce qui est en moi. C'est une partie de mes racines que j'exprime ici." Cette vitrine est actuellement exposée dans une boutique d'encadrement de Morlaix.
C'est une partie de mes racines que j'exprime ici.
On peut citer parmi les autres réalisations - toutes ont leur histoire - Le baiser de l'hôtel de ville. Une (vraie) boutique morlaisienne (c'est là où est exposée l'Alsace bien-aimée) dont la gérante part à la retraite. Pour celle-ci, l'imagination a cédé la place à la précision. "Je voulais que cette personne puisse avoir un souvenir fidèle de son commerce."
"Cela touche vraiment une catégorie particulière des gens. Certains sont absolument insensibles à ça, et d'autres très sensibles. Ces derniers communiquent avec moi, m'appellent, m'écrivent, me demandent conseil, passent commande... J'ai donc des échanges assez forts avec les gens qui apprécient vraiment. Mais il n'y en a pas énormément." Car il n'y a pas grand-monde qui s'essaye à cette activité artistique.
Passion intime, autodidacte, et écolo
Le chaudron de la miniature, Marie-Hélène Lamy-Gallet ne saurait se souvenir avec précision de quand elle est tombée dedans. "J'ai toujours été très sensible à ce qui est petit. Que ce soit au niveau des objets, mais aussi de ma carrière. Je suis auxiliaire de puériculture, je suis passionnée par les bébés, par ce travail. Voilà, c'est quelque chose que j'aime depuis tout petite, ça résonne en moi."
Vingt ans déjà qu'elle pratique cette activité. Il n'y a pas eu de déclic particulier. "Au fur et à mesure, j'ai fait des petites choses, je suis autodidacte. J'ai appris toute seule, avec des livres, et avec d'autres personnes qui faisaient ça."
Il n'y a pas de réel délai moyen pour la réalisation d'une scène miniature sous vitrine. Une vingtaine d'heures à peu près, sans compter "le temps d'incubation". L'artiste y travaille quand elle a un peu de temps. "J'ai un atelier que j'ai installé dans la chambre d'un de mes enfants qui est parti. Au départ, il faut prévoir le format d'une boîte. Souvent en bois, sur mesure : j'ai la chance d'avoir un fils qui est menuisier. Ou en carton-mousse."
Les boîtes sont ensuite appliquées sur un cadre, doté d'une vitre. Marie-Hélène Lamy-Gallet trace même les plans de sa saynète ("à l'échelle quasi-universelle de 1/12"). Elle fait beaucoup de recyclage. "J'ai des boîtes dans mon atelier où je garde des bijoux cassés, des perles, du fil de fer, des pliages... Je travaille aussi beaucoup avec des éléments naturels : on a beaucoup de plages, et je ramasse des bois flottés, des coraux échoués..."
Elle fait quasiment tout elle-même. Les meubles de la miniature alsacienne sont en chêne, conçus à partir de chutes provenant de l'atelier filial. Sinon, le balsa est souvent très utile : c'est un "bois exotique très souple qu'on peut découper au cutter : c'est très facile à travailler". Même les plus grands utilisent cette essence : dans le film Titanic de James Cameron, l'inondation des couloirs de première classe résulte d'un trucage, utilisant de longues maquettes... en balsa.
La miniaturiste vient d'achever une nouvelle vitrine, et n'en a pas actuellement de nouvelle en tête... car elle prépare une exposition. Elle aura lieu le samedi 11 septembre 2021, chez les Chiffonniers de la joie, à Morlaix. L'occasion aussi d'initier le public à son art, et justement, d'encourager au recyclage.