Dans les logements de la résidence Les Fleurs à Illzach (Haut-Rhin), il fait entre 15 et 17 degrés. Le problème récurrent, d'année en année, vient de la chaufferie collective victime de pannes à répétition à l'approche de l'hiver. Les résidents dénoncent un casse-tête juridique et l'inaction du mandataire judiciaire. 112 appartements sont concernés.
Dans les appartements de la résidence "Les Fleurs" à Illzach (Haut-Rhin), les résidents grelottent. Alors que dehors un froid polaire sévit depuis plusieurs jours, à l'intérieur des logements il faut se contenter d'un chauffage à 16 degrés, au mieux d'un 17. Tout le monde, c’est-à-dire les 112 foyers des trois bâtiments de la résidence, attend avec impatience l'intervention de la société chargée de l'entretien de la chaudière, mais en vain.
C'est du moins ce que prétendent vivre certains résidents. Parmi eux, Eugène Martin, anciennement président du conseil syndical. Celui-ci dénonce un dysfonctionnement récurrent de la chaufferie collective depuis 2018. "En début de chauffe, en octobre, on a des coupures à répétition. On n'a pas d'explication sur leur origine mais on sait que la société Equand-Axima chargée de l'entretien ne fait rien. Quand il fait moins 4 à l'extérieur, c'est limite. En ce moment, j'ai 17 chez moi. La chaudière a été remise à neuf en 2007, mais je pense qu'elle est bridée".
Des chauffages d'appoint
Pour pallier les déficiences de la chaufferie collective, certains résidents s'équipent d'un radiateur électrique d'appoint. C'est le cas de Melis Yavruoglu, qu vit son premier hiver ici. Elle confirme un chauffage réglé au strict minimum depuis décembre. "Encore ce matin, quand j'ai quitté mon domicile, il faisait 17 degrés chez moi et je ne suis pas la seule à souffrir du froid. Dans mon immeuble j'ai rencontré beaucoup de personnes qui se plaignent. Alors je me suis équipée d'un petit radiateur électrique que je déplace au besoin dans les pièces".
Cette solution provisoire n'empêche pas de demander aux syndics le rétablissement du chauffage. Une procédure normalement simple, sauf que dans le cas de cette résidence la procédure est complexe. La chaufferie, installée dans les années 1970, a un statut particulier et il faut s'adresser à trois syndics différents, un par bâtiment. Un casse-tête juridique et d'organisation que dénonce là aussi Eugène Martin. "C'est une catastrophe, on a découvert le problème en 2015 quand la gestion des syndics s'est scindée, on s'est rendu compte que la chaufferie n'avait pas de personnalité juridique. Un administrateur judiciaire provisoire a été mis en place en 2018, ce qui nous coûte un bras en plus d'être inefficace. On n'a aucune information, tout le monde se renvoie la balle, c'est déplorable".
Une situation inextricable
Apparemment l'information a du mal à remonter aussi auprès du bailleur social, la société SOMCO, propriétaire de plusieurs appartements. Son directeur général, André Girona, dit ne pas être au courant du problème de chauffage dont se plaignent les résidents. "Ce n'est pas remonté jusqu'à nous mais on va contacter les syndics et le mandataire judiciaire", nous a-t-il confié. Selon lui, des travaux concernant la chaufferie ont été prévus mais un des bâtiments, sous l'influence d'une personne, s'y serait opposé. "Avec le maire on a essayé de faire avancer les choses mais on ne s'en sort pas parce que le système est bloqué." Sous-entendu, la personne en question a tout fait pour bloquer la situation.
Pour tenter de la débloquer Eugène Martin propose de son côté la création d'une UDS, union des syndics. "C'est un statut juridique tout à fait indiqué dans le cas présent. Je me suis battu pour l'instituer mais j'ai n'ai obtenu qu'une fin de non-recevoir." Le projet de raccordement au chauffage urbain a lui aussi capoté. En désespoir de cause, Eugène Martin a écrit au juge pour lui faire part de la situation.