En réaction à une pétition en ligne lancée il y a quelques jours pour "le maintien de la chimiothérapie" à l'hôpital de Saint-Louis (Haut-Rhin) et signée par plus de 20 000 personnes, le groupe propriétaire a évoqué une problématique de personnel. Des "éléments de langage" selon l'élu local à l'origine de la pétition.
La chimiothérapie à l'hôpital de Saint-Louis, est-ce de l'histoire ancienne ? C'est la question que se posent un certain nombre de patients et d'élus locaux depuis novembre 2023, date à laquelle l'activité a commencé à être redirigée vers l'hôpital de Mulhouse, soit un trajet beaucoup plus long pour les malades du secteur de Saint-Louis (entre 35 et 55 minutes selon Google Maps, en fonction des embouteillages). Une pétition pour la réouverture "immédiate" du service a même été lancée par le conseiller municipal de Huningue Patrick Stirby. Elle a recueilli près de 22 000 signatures en cinq jours.
"Alors que l'hôpital de Saint-Louis dispose d'un médecin oncologue, les patients devant suivre une chimiothérapie sont systématiquement envoyés à Mulhouse, saturant encore plus les services qui à Mulhouse réalisent les chimiothérapies", écrit l'élu dans la présentation de la pétition. Il dénonce une "situation inhumaine et inacceptable pour un pays qui se veut être une grande puissance mondiale".
Le Groupe hospitalier de la Région de Mulhouse et Sud Alsace (GHRMSA), qui a repris l'hôpital Saint-Louis en 2022, a réagi le 28 mai dans un communiqué publié sur son site : "L'ARS et le GHRMSA confirment leur objectif de maintenir et développer une activité de chimiothérapie à l'hôpital de Saint-Louis". Le groupe explique que la situation est due à l'absence du médecin oncologue de l'hôpital entre novembre et avril. Sauf que celui-ci a repris son travail en mai, et à Mulhouse. Pourquoi n'est-il pas revenu à Saint-Louis, alors que la direction affirme que l'objectif est d'y "maintenir et développer une activité de chimiothérapie" ?
Une "inquiétude" sur la situation de l'hôpital en général
Nous avons posé la question au GHRMSA. "C'est simplement une question de protocole à mettre en place. Cela demande du temps de recaler l'activité." Le groupe n'a cependant pas été en mesure de nous donner une date ou un délai précis.
En attendant, les soignants continuent donc de faire le trajet entre Saint-Louis et Mulhouse, "une situation aberrante" selon Patrick Striby. L'élu local se dit d'ailleurs "agréablement surpris" par le retentissement de son initiative. "Je m'attendais à avoir 3 000 signatures tout au plus. Ça montre que ça touche tout le sud de l'Alsace, et des gens qui s'inquiètent pour le sort de l'hôpital public en général."
Patrick Striby n'en est pas à sa première sortie à l'encontre du GHRMSA et de l'Agence régionale de santé (ARS). Il avait pris la parole lors du dernier conseil communautaire de Saint-Louis agglomération du 15 mai : "L'Etat ne remplit pas ses obligations dans le dossier de l'hôpital Saint-Louis. Depuis sa reprise par le GHRMSA, l'offre de soins (...) n'a cessé de se dégrader : fermeture du bloc opératoire, fermeture de lits et de services, licenciement massif, dysfonctionnement des urgences."
"La nouvelle organisation des soins se construit pas à pas"
le GHRMSA
En 2022, la clinique des Trois frontières - l'hôpital Saint-Louis aujourd'hui - avait été placée en redressement judiciaire à cause d'une dette trop importante. C'est le GHRMSA qui avait repris l'établissement au 1er janvier 2023. Six mois plus tard, l'établissement faisait face à une mobilisation importante des soignants et des patients. Ceux-ci dénonçaient une "dégradation de la prise en charge" et estimaient que l'hôpital de Saint-Louis était devenu "une gare de triage".
Dans son communiqué, le GHRMSA précise d'ailleurs que depuis la reprise, "la nouvelle organisation des soins se construit pas à pas (...) mais elle s'inscrit dans un contexte de tensions déjà fortes en ressources de santé sur ce territoire", avant de dérouler l'ensemble des activités de soins proposé par le groupe.