Un séisme de magnitude 2,5 sur l'échelle de Richter a été mesuré ce mercredi 17 avril à Mulhouse (Haut-Rhin). Selon le sismologue Jérôme Vergne, c'est un phénomène fréquent sur l'un des secteurs les plus sujets aux tremblements de terre de France métropolitaine.
Que ressent-on lors d'un séisme de magnitude 2,5 sur l'échelle de Richter ? Certains habitants de Mulhouse (Haut-Rhin) peuvent le dire après celui survenu ce mercredi 17 avril. Une dizaine d'entre eux se sont déjà exprimés sur le site du Bureau central sismologique Français (BCSF) pour décrire précisément ce qu'ils ont vu, entendu et ressenti peu avant 6 heures du matin ce jour-là. Leur retour sera très précieux pour les chercheurs et les analystes qui étudient l'activité sismologique en France et en Alsace.
Mais à quoi serviront exactement ces données ? Et que risquent concrètement les Alsaciens, alors que les secousses n'ont jamais été réellement dramatiques sur le territoire ? France 3 Alsace fait le point avec Jérôme Vergne, sismologue à l'Ecole et observatoire des sciences de la Terre (EOST) à Strasbourg.
Pour quelle raison les organismes de recherche appellent-ils systématiquement les citoyens à témoigner lorsqu'ils ont vécu un séisme, même mineur, comme celui survenu à Mulhouse ce 17 avril ?
"C'est extrêmement important, car cela nous permet d'enrichir notre base de données scientifique. Un séisme, même lorsqu'il ne provoque pas de dégâts, n'a pas la même sévérité d'une zone géographique à l'autre. C'est ce qu'on appelle les effets de site : la géologie locale peut amplifier ou atténuer les conséquences d'une secousse. Or, il se trouve que chaque humain est un capteur sismique à part entière. À travers ses ressentis, on peut mieux appréhender quels seraient les mouvements du sol occasionnés en cas de séisme plus important sur la même zone. On va leur demander par exemple s'ils ont été étonnés ? Effrayés ? S'ils ont entendu un bruit, s'ils ont vu des meubles tomber, une fenêtre s'ouvrir ou des fissures se créer dans les murs. Plus on aura de réponse à ces questionnaires, mieux on connaîtra l'aléa sismique, et mieux les éventuels séismes plus importants seront appréhendés."
Le séisme du 17 avril a atteint 2,5 sur l'échelle de Richter. Cela ne semble pas très violent. Peut-il y avoir des tremblements de terre plus violents en Alsace ?
"2,5, c'est tout juste le seuil de perception, donc non, il ne s'agit pas d'un séisme intense. Et c'est loin d'être rare. En Alsace, surtout dans le sud du Haut-Rhin, à la frontière avec la Suisse, il y a plusieurs séismes par semaine, même s'ils ne sont pas ressentis. Plusieurs secousses avaient atteint la magnitude 4 vers 2022. Cette zone est l'une des plus sismiques de France métropolitaine : elle a été le théâtre du violent tremblement de terre que la France ait connu, d'après les données disponibles, en 1356. Il avait atteint la magnitude de 6,5, voire 7, sur l'échelle de Richter."
En Alsace, des séismes de magnitude 4 ou 5 reviennent tous les dix ans à peu près
Jérôme Vergne, sismologue
Pourquoi la zone est-elle si sujette aux séismes ?
"Il y a un réseau de failles qui s'est créé dans la croûte terrestre de la plaine d'Alsace il y a plusieurs millions d'années. De plus, le sud de l'Alsace se situe à l'arrière d'une zone de collision entre deux plaques tectoniques, ce qui génère une sismicité sur ces failles anciennes."
Est-il possible de prévoir quand surviendra le prochain séisme dépassant la magnitude 5 sur l'échelle de Richter ?
"C'est très complexe avec le peu de données dont on dispose. Contrairement au Japon, où il y a beaucoup de séismes majeurs et où il est ainsi plus aisé d'affiner les données pour la prévision, les recherches sur un pays peu sismique comme la France ne permettent pas vraiment de prévoir quand un séisme majeur comme celui de 1356, de magnitude 7, reviendra."
"En revanche, on peut par exemple observer qu'en Alsace, les séismes potentiellement importants, de magnitude 4 ou 5, reviennent à peu près tous les 10 ans. Il y a également un phénomène d'essaim de séismes : plusieurs événements sismiques surviennent sur la même zone sur une relative courte période. En ce moment, il y a par exemple un essaim 10 kilomètres au sud de Montbéliard, dans le Doubs."