Professeur menacé de mort dans le Haut-Rhin : "nous devons parler de laïcité à l'école, plus que jamais", insiste le recteur

Une semaine après qu'un professeur du lycée Scheurer-Kestner de Thann (Haut-Rhin) a été menacé de mort par l'oncle d'une élève suite à un cours sur la laïcité, le recteur de l'académie de Strasbourg Olivier Faron a réagi sur le plateau de France 3 Alsace.

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Le mardi 4 octobre 2022, l'oncle d'une élève a menacé de mort un professeur du lycée Scheurer-Kestner de Thann (Haut-Rhin). Plus tôt dans l'après-midi, ce dernier avait dispensé un cours sur la laïcité, où la question du port du voile a fait réagir la lycéenne de 15 ans. 

Sur place, l'émotion était encore vive, une semaine après les faits. Ce jeudi 13 octobre, un texte a été lu par les enseignants aux élèves, à 10h du matin. Les faits leur ont été résumés afin de faire taire quelques rumeurs. Un rappel sur les règles portant sur la laïcité a également été lu.

Dans un communiqué publié le mercredi 12 octobre, le recteur de l'académie de Strasbourg Olivier Faron avait dénoncé un acte "inacceptable" et s'était dit "pleinement mobilisé pour soutenir l'enseignement et l'ensemble des personnels". Le lendemain, il était l'invité du journal de 12h de France 3 Alsace.

France 3 Alsace : Cette communication, aujourd'hui, était importante ?

Olivier Faron : "Oui, elle est extrêmement importante. D'abord, le message que je veux dire, c'est que je condamne ce qui s'est passé avec la plus grande fermeté. Je condamne, mais je soutiens aussi les équipes sur place qui ont été à la hauteur de la gravité des faits. Et puis j'accompagne, en tant que responsable de la question de la formation dans cette académie."

Cet enseignant, le lendemain même, était de nouveau dans l'établissement.

Olivier Faron

Recteur de l'académie de Strasbourg

France 3 Alsace : Dans quel état d'esprit est le professeur ? A-t-il peur ?

Olivier Faron : "Ce professeur est un enseignant absolument remarquable de sciences économiques et sociales. Il a organisé un débat dans les meilleures conditions possibles, avec une grande sérénité sur une question essentielle pour notre République. Il l'a fait et puis, vous avez rappelé les faits gravissimes qui se sont produits.

Cet enseignant, le lendemain même, était de nouveau dans l'établissement. Il a repris, et je crois qu'il a vraiment apprécié le soutien que je lui ai manifesté, et que toutes les équipes ont manifesté. Avec la direction de son établissement (proviseur et proviseur adjoint), on a tous été solidaires, parce qu'évidemment, nous sommes aussi Samuel Paty. Il a été cruellement assassiné un 16 octobre."

France 3 Alsace : Cette affaire soulève cette question : peut-on encore facilement parler de laïcité à l'école ?

Olivier Faron : "Je ne dirais pas 'peut-on ?', je dirais que nous devons parler de laïcité, plus que jamais. C'est une valeur cardinale de notre République, qui nous permet de tenir, de vivre ensemble. Elle est évidemment au cœur du projet de citoyenneté qui accompagne le projet de formation, que nous devons proposer et que nous devons porter avec tous les élèves."

Nous devons donner aux enseignants les meilleures manières de transmettre ces questions centrales.

Olivier Faron

Recteur de l'académie de Strasbourg

France 3 Alsace : Avec un avant et un après Samuel Paty pour vos services... 

Olivier Faron : "Pas simplement pour nos services. Je rappelle la loi d'août 2021 qui assure une protection beaucoup plus forte de l'ensemble des fonctionnaires. Évidemment, c'est une priorité importante, nous devons l'intégrer. Je salue le travail qui a fait l'équipe académique des Valeurs de la République (EAVR). Toutes les équipes du rectorat se sont mobilisées, comme l'équipe mobile de sécurité et l'équipe des Valeurs de la République. Nous devons accompagner les enseignants, nous devons leur donner aussi les meilleures manières de transmettre ces questions centrales."

L'oncle de la lycéenne a été placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour menace de mort sur personne dépositaire de l'autorité publique, mais aussi pour être entré dans le lycée Scheurer-Kestner sans autorisation. Il a interdiction d'entrer en contact avec le professeur et de fréquenter les abords de l'établissement.

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