Le tribunal administratif de Strasbourg a décidé de suspendre provisoirement ce vendredi 18 octobre les travaux de remise en navigation d'une section du canal reliant le Rhin au Rhône, entre Artzenheim et Friesenheim, abandonné depuis des décennies. Le lancement des travaux, dont le montant est évalué à 46 millions d'euros, avait suscité une levée de bouliers d'associations écologistes.
Ils avaient commencé début septembre avec la rénovation de 12 écluses réparties sur 12 kilomètres. Les travaux de remise en navigation d'une section du canal du Rhône au Rhin, située entre Artzenheim et Friesenheim, ont été suspendus provisoirement ce vendredi 18 octobre par le tribunal administratif de Strasbourg, saisi en urgence par deux associations environnementales.
Elles contestaient l'arrêté pris début août par les préfets du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, accordant une autorisation environnementale pour le début des travaux dont l'objectif est de développer l'activité économique et le tourisme fluvial. Le tribunal administratif leur a donné raison, arguant que les travaux "allaient entraîner la destruction d'individus d'espèces protégées de chiroptères et d'oiseaux, ainsi que celle d'arbustes, ronces et broussailles indispensables à leur biologie, produisant ainsi des effets irréversibles".
La région Grand Est dispose de 15 jours pour faire appel
Et le tribunal de souligner "les insuffisances affectant l'étude d'impact et ayant eu pour effet de nuire à l'information complète de la population". Les travaux estimés à 46 millions d'euros et partagés entre la région Grand-Est, VNF (Voies navigables de France), le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural), et les communes entre autres, sont donc provisoirement suspendus, le temps que le tribunal statue sur le fond.
La navigation sur ce tronçon est abandonnée depuis des décennies, la nature a donc repris ses droits. Les associations soulignent que de nombreuses espèces y ont élu domicile et que cette renaturation est favorable au développement de la biodiversité. "Notre sentiment par rapport à cette décision est très positif, réagit Pascal Lacombe, membre de l'association le chaudron des alternatives. On en tire une grande satisfaction, parce que c’est déjà le fruit d'un travail intense de nos associations. Et puis le tribunal a clairement souligné les insuffisances dans ce dossier".
La région Grand Est dispose de 15 jours pour faire appel de cette décision devant le Conseil d'État, qui peut à son tour annuler ou confirmer la décision du tribunal administratif de Strasbourg.