Le moustique tigre, présent en Alsace depuis 2014, gagne du terrain chaque année. Pour limiter son développement la commune de Saint-Louis a fait poser des hôtels à hirondelles, un oiseau insectivore capable de manger 3.000 moustiques par jour.
Le moustique tigre est maintenant bien implanté en Alsace. La question n'est plus de savoir comment s'en débarrasser mais comment vivre avec. Et surtout comment limiter au maximum son expansion géographique. D'année en année, depuis 2014, l'insecte gagne du terrain. En 2020, il a été détecté pour la première fois autour de Mulhouse, dans les trois communes de Sausheim, Rixheim et Brunstatt. Jusqu'à cette date, il était cantonné surtout au nord, dans et autour de Strasbourg et au sud, sur l'agglomération de Saint-Louis.
Une progression observée à la loupe
Dans cette commune du sud de l'Alsace, la progression du moustique tigre est suivie de très près par la brigade verte du Haut-Rhin. Depuis 2017, date où il est localisé pour la première fois aux abords de l'autoroute, le moustique conquiert sans cesse de nouveaux quartiers. Sa zone de présence s'étend aujourd'hui jusqu'à Huningue, la commune voisine. Les moyens dont disposent la brigade contre la prolifération de ce petit insecte urbain au fort pouvoir de nuisance sont limités mais pas inutiles. "Nous essayons de lutter préventivement contre les moustiques par des traitements anti-larvaires ou par la pose de pièges à moustiques adultes destinés à les capturer", explique Philippe Bindler chargé de la démoustication de la brigade verte. Des campagnes de sensibilisation sont menées chaque année, en été, auprès des habitants pour les inciter à ne pas laisser trainer de récipients dans leur jardin ou sur leur balcon. La femelle du moustique tigre se satisfait de très peu d'eau pour pondre, potentiellement trois cents oeufs durant sa courte vie.
Un insecticide naturel
Face à ce constat, on ne reste pas pour autant les bras croisés à Saint-Louis. Il y a encore des choses à faire. Et le salut, tout relatif, vient du ciel. Philippe Knibiely, l'adjoint au maire chargé de l'environnement, a fait appel aux services des hirondelles. Les oiseaux, pas les policiers à vélo du siècle dernier. Pourquoi ? parce que "ce sont des insectivores qui mangent 3.000 insectes par jour en moyenne". L'intérêt est double: lutter contre le moustique tigre par des moyens naturels et fixer une population d'hirondelles en ville, une espèce protégée que nous nous réjouissons de retrouver chaque été sous nos latitudes.
Un habitat pérenne pour les hirondelles
Pour attirer et garder à demeure ces oiseaux, la ville a fait poser des hôtels à hirondelles. "Ils sont fabriqués par notre centre technique municipal sur la base de plans fournis par la LPO (ligue de protection des oiseaux)", souligne Philippe Knibiely. Ces structures peuvent abriter jusqu'à soixante nids, "de véritables hôtels 4 étoiles pour les hirondelles".
Sensibiliser les jeunes
Trois hôtels à hirondelles ont été ou sont en train d'être posés ce printemps. Avec ceux déjà installés les années précédentes, la ville en compte désormais six sur son territoire, "ils forment une ligne, comme un rempart élevé contre le moustique", précise l'élu. Pour bien faire comprendre la démarche, censée oeuvrer pour le bien-être de tout le monde, la municipalité a tenu à associer les habitants, les jeunes en particulier: "Ici c'est une école qui parraine les nids, ailleurs c'est un collège, un peu plus loin c'est un lycée".
Et pour ceux qui voudraient installer des nids à hirondelles à leur domicile, c'est possible. Il suffit d'appeler le service environnement à la ville de Saint-Louis.