Le concept est encore marginal, mais il progresse : partout en France, et notamment dans le Grand Est, des habitants se rassemblent pour produire eux-mêmes de l'énergie solaire, éolienne ou produite par méthanisation. Près de 400 projets ont été labellisés "Énergie partagée" dans tout le pays. Et ce n'est qu'un début.
Pour l'instant, l'énergie citoyenne ne représente que 1% de la production globale d'énergie renouvelable en France, mais l'objectif est d'atteindre 15% à l'horizon 2030. De l'énergie verte, produite localement pour une consommation en circuit court. Bref, une énergie vertueuse, moins dépendante des grandes multinationales, et de leur conception du marché.
Autour de Mulhouse, "Energie Partagée Alsace" a démarré autour d'une demi-douzaine de personnes en 2010. Aujourd'hui, 400 coopérateurs composent cette structure qui compte déjà 16 centrales photovoltaïques à son actif.
L'une d'elle se trouve sur le toit de l'école primaire de Kingersheim. 600 m² de panneaux photovoltaïques. "Ça va devenir un maillon indispensable parce que études montrent que ce ne sont pas les petites centrales individuelles qui vont nous permettre de transformer l'essai, mais les grosses réalisations. Donc, il faut avoir d'autres propositions comme celle-ci pour gagner en efficacité sur l'accélération d'énergie renouvelable", assure Laurent Riche, maire (DVG) de la commune.
L'investissement s'est monté à 126 000 euros, en partie financée par de simples citoyens. Toute l'énergie produite est revendue à EDF, ou à ENERCOOP, fournisseur d'énergie verte. Mais les actionnaires ne touchent aucun dividende. Les bénéfices sont aussitôt être mobilisés pour financer de nouveaux projets.
"C'est quelque part un peu ma contribution, même si elle reste modeste, à un geste écologique, un geste pour la planète et un geste pour nos enfants, explique Philippe Dumortier, coopérateur actionnaire d'"Energies partagées en Alsace" qui rajoute qu'en effet, ça n'est pas la recherche de rentabilité qui l'a motivé.
Vers un mode de consommation en circuit court
Depuis sa création, la coopérative a investi 400 000 euros, pour une production d'électricité de 1 200 gigawatts, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'un village de 500 habitants. À l'avenir, des projets autour d'autres sources d'énergies renouvelables, comme l'éolien, sont envisagées. Autre piste : vendre sa propre production, en circuit court.
Deux futures centrales photovoltaïques seraient concernées, en partenariat avec la ville de Seltz. Concrètement, au lieu d'être injectée dans le réseau, l'électricité produite serait consommée sur place, dans un rayon de deux kilomètres. De l'autoconsommation, en circuit court, qui permettrait une véritable maitrise de toute la filière, et aussi de proposer des tarifs avantageux, fixés par lesactionnaires/consommateurs. Un système où finalement, tout le monde serait gagnant.