À Artzenheim, la saison de théâtre alsacien fait un carton chaque hiver. Les spectateurs se déplacent de loin pour rire avec les acteurs amateurs du petit village haut-rhinois. Cette année, la troupe propose quatorze dates, complètes largement avant l'heure.
Parents et enfants partagent désormais la scène. Deux générations de mordus, preuve que le théâtre alsacien résiste au temps à Artzenheim (Haut-Rhin). Mieux, depuis ses débuts il y a 35 ans, la troupe s'est fait un nom bien au-delà des frontières de la commune de 850 habitants. Près de 4.000 spectateurs se déplacent, parfois de loin, pour assister aux représentations.
"Au départ, on jouait à la mairie : une fois en journée, une fois le soir, devant 50 personnes environ. Et ça nous plaisait déjà, même devant 50 personnes. Ensuite, on s’est mis à donner plus de représentations : 3, puis 4, puis 5... Maintenant, on en est à 14, 15, voire 16. On attire du public de Strasbourg à Mulhouse", aime à insister Roger Rudolf, le président et metteur en scène de la Kàrisàlverbehn vo Artza.
Chaque année, la pression est un peu plus forte lorsqu'il doit choisir la pièce qui sera présentée. "En mai ou juin, je croise des gens qui me parlent déjà du théâtre du mois de janvier... On sent une vraie attente autour de nous, on est un peu moins légers que lorsqu'on a démarré, la fleur au fusil", sourit-il.
Six mois dans l'année consacrés au théâtre
Une exigence qui tient également au niveau de la troupe, relevé pour des amateurs. Certains semblent avoir le jeu dans le sang. "Sur scène, je suis le plus heureux des hommes. Pouvoir faire rire les gens, il n’y a rien de plus beau !", estime Edouard Kunegel, l'un des dinosaures de la bande.
Il a hérité cette année du rôle principal, un chef d'entreprise qui veut marier sa fille à son associé. Mais ce dernier, un homme maladroit et inexpérimenté en amour, ne plaît ni à sa fille, ni à sa femme. À moins de redoubler de subterfuges pour se faire passer pour un tombeur... S'en suit une ribambelle de péripéties, qui embarque le public dans la comédie, D’r Unschuldig Fayoler, une pièce en trois actes de Michel Schutz.
Pour être à la hauteur, les acteurs se préparent pendant quatre mois, deux fois par semaine. "Ça nous prend beaucoup de temps, confie Jean Rudolf, 30 ans, qui revient volontiers dans son village d'origine pour le théâtre. Il y a une super ambiance, on rit ensemble sur scène, mais aussi en coulisses, avant de jouer, après… Il y a une troisième mi-temps. On est une grande famille."
Comme d'autres, il a démarré avec la troupe de jeunes, en lever de rideau des "grands", il y a une vingtaine d'années. Cette saison encore, des enfants et adolescents chauffent la salle avec entrain. Un moment toujours très apprécié du public. Pour admirer les forces vives de demain et d'aujourd'hui, rendez-vous à Artzenheim tous les week-ends, jusqu'à fin février.