Gérard Mougin s'est lancé dans la restauration d'orgues de barbarie au moment de prendre sa retraite. Depuis, il a redonné vie à deux limonaires, de très grandes orgues, dans son atelier à Cornimont dans les Vosges.
"J’ai démonté et réparé la totalité de ces deux orgues, ça représente des centaines de pièces, peut-être pas tout à fait des milliers, mais ça en fait vraiment beaucoup." Gérard Mougin a appris à restaurer les limonaires avec un ami belge qui, lui, était facteur d'orgues. Cette passion l'a saisi à l'âge de partir à la retraite. Depuis, il redonne vie à des pièces appartenant au patrimoine et à l'histoire de la musique.
Devant l'une des deux énormes orgues présentées le week-end du 15 et 16 octobre à Bitschwiller-lès-Thann (Haut-Rhin), le passionné explique le travail qu'il a dû effectuer. "Cet orgue était resté muet pendant 60 ans et donc tout était à refaire dessus. Dans son aspect, il paraissait bien, mais en fait tous les organes tels que les soufflets, les toiles étanches, les peaux, les bois qui étaient vermoulus, enfin tout était à reprendre et je l'ai donc démonté complètement."
Toutes les pièces sont passées entre ses mains, jusqu'à la moindre vis, d'ailleurs quasiment toutes rouillées. "Tout a été démonté. Les bois ont été réparés et traités avant d'être vernis. Les tuyaux, qui à l'origine étaient en carton, et rongés par les souris pour la plupart, ont été remplacés par des tuyaux qui imitent le plomb."
Des centaines de pièces démontées, nettoyées, restaurées et remises en place
Selon que les propriétaires étaient aisés ou pas, les tuyaux étaient fabriqués en plomb ou en carton. "Je n'ai pas voulu les refaire en carton" explique Gérard, "c'était un travail assez conséquent et j'ai donc utilisé un tuyau qui ressemble à du plomb."
Les limonaires ont été inventés en France par deux frères, Joseph et Antoine Limonaire, fabricants d'instruments de musique mécanique, au XIXe siècle. La qualité de leur travail a fait leur renommée, au point de laisser leur nom à l'instrument.
Le grand public avait accès à la musique des limonaires dans les foires, les manèges et les bals. "Ils fonctionnent comme les orgues de barbarie avec des cartons perforés, qui ont été notés pour l'instrument lui-même, qui comprend 84 touches et donc autant de pistes que de touches."
Ces cartons perforés sont d'époque. Ils ont été créés dans les années 1920."La particularité de ces cartons est qu’ils coïncident parfaitement avec la construction de l'orgue, conçu pour jouer du jazz, puisqu'il s'agit ici d'un limonaire jazz bandophone et les cartons ainsi notés sont notés pour reproduire des mélodies de jazz."