La ministre de l'Écologie et de l'Énergie rendra son verdict "dans les jours qui viennent" sur l'évaluation du coût global du projet Cigéo d'enfouissement des déchets radioactifs sur le site situé aux confins de la Haute-Marne et la Meuse.
"Je suis en train d'examiner (...) les propositions de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires), de l'Autorité de sureté nucléaire et les trois opérateurs (EDF, Areva et le CEA, ndlr), de regarder les données techniques, technologiques et financières qui me permettent de prendre la bonne décision", a affirmé la ministre en marge de ses voeux à la presse.
Selon des documents remis au gouvernement et rendus publics lundi, l'Andra a évalué à 32,8 milliards d'euros le coût global de ce projet, précisant que cette estimation était un "exercice particulièrement délicat", compte tenu notamment des hypothèses à considérer sur une période de plus de 100 ans. Ce chiffrage avait fortement fait réagir dans notre région (revoir ici le reportage de notre rédaction diffusé le 12 janvier)
Le lobby du nucléaire conteste l'explosion de la facture
Dans un courrier commun au ministère de l'Ecologie et de l'Energie, EDF, Areva et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ont contesté ce chiffrage, expliquant avoir proposé conjointement "de considérer pour ce projet un coût objectif (hors risques) de 20 milliards d'euros".
L'Andra elle-même a reconnu que des "visions différentes" étaient possibles en fonction de l'anticipation des progrès technologiques par exemple, et qu'elles pouvaient conduire à "des différentiels de l'ordre de 30%" sur le coût global.
Face à ces divergences, Ségolène Royal a fait valoir que ce coût s'étale "sur un siècle". "Il faut séquencer ce coût et trouver (...) la situation optimale à la fois pour la sureté, qui est la priorité, et pour l'efficacité économique de la filière nucléaire française", a-t-elle affirmé.
L'action EDF vacille en bourse
Au lendemain du chiffre avancé par l'Andra, l'action d'EDF avait chuté de plus de 5% en Bourse, le groupe ayant provisionné jusqu'ici dans ses comptes un montant inférieur.
Le projet Cigéo, piloté par l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires, doit accueillir les déchets les plus radioactifs (3% du total des déchets nucléaires) à 500 mètres sous terre à Bure, ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue.
L'autorisation du projet doit être validée par le Parlement et le gouvernement avait annoncé à l'été 2015 qu'il déposerait cette année une proposition de loi spécifique. Le calendrier du projet prévoit un décret d'autorisation en 2018 et une mise en service industrielle en 2025.