Ce mercredi 18 décembre 2019, des professeurs de l’agglomération de Chaumont (Haute-Marne) se sont réunis devant le siège de la Direction des services départementaux de l’Education nationale pour faire part de leurs inquiétudes concernant la réforme de la fonction publique.
Ils sont une quinzaine devant le siège de la direction des services départementaux de l’Education nationale de Chaumont (Haute-Marne). Mais d’après eux, l’inquiétude touche l’ensemble du corps enseignant du département: écoles, collèges et lycées confondus. Tous ont le sentiment qu’ils auront à travailler plus pour le même salaire, et moins de retraite.
Pauline Notat, professeur de SVT, tient une banderole à bout de bras : "Assez battu en retraite, prenons l’offensive". Comme les autres enseignants présents, elle a le sentiment de toujours donner plus, sans forcément recevoir de compensation adéquate : "On a de plus en plus de missions particulières liées notamment à la mise en place de l’école inclusive où nous avons énormément d’hétérogénéité à gérer dans nos classes. Des élèves de différents niveaux, certains avec des handicaps, il faut gérer leur présence et la venue d’éducateurs spécialisés pour eux."
"On a l'impression qu'on se moque de nous"
À côté d’elle, Jean Baptiste Jeannin professeur de mathématiques et science physique en lycée professionnel acquiesce : "On doit organiser de plus en plus de réunions avec la réforme des lycées, et préparer plus de conseils de classes, la charge de travail est énorme. On a le sentiment d’être confrontés à de plus en plus d’exigence et de moins en moins de reconnaissance. Aujourd’hui, on nous promet une enveloppe d’environ 400 millions d’euros par an, quand on répartit ça entre les 800 mille personnes qui travaillent dans l’Education nationale, ça ne fait même pas 500 € par an, alors qu’il nous faudrait 500 € par mois et je ne vois pas comment ça pourrait compenser une baisse de retraite de 800 € par mois. Il y a un décalage et on a l’impression qu’on se moque de nous !"Une précarisation de la profession ?
L’ensemble des professeurs présents craint une réduction du nombre d’enseignants et une augmentation de la charge de travail : "Il y a de plus en plus de contractuels dans l’Education nationale vu qu’il n’y a plus de candidats aux concours et qu’il y a de moins en moins de personnes qui veulent faire ce métier-là. Donc l’Education nationale n’arrive plus à recruter pour certains postes, et recours à des contractuels qui n’ont pas les diplômes et qui, s’ils les ont, n’ont pas la protection sociale des titulaires. C’est une précarisation de notre profession."Jean-Baptiste Jeannin s’insurge : "Notre ministère ne tient que par le dépassement de fonction des profs. Si jamais, demain, on se met à faire le strict minimum, tout s’écroule ! On est sans arrêt à faire un peu plus que notre métier pour nos élèves, car on ne veut pas les mettre dans l’embarras. C’est notre métier de former les générations futures donc forcément notre cœur nous pousse à travailler plus, mais d’un autre côté, on a aucune reconnaissance par rapport à ça."
Un problème général de la fonction publique ?
"On se reconnaît dans les autres mouvements de la fonction publique comme ceux des collègues d’ERDF sur lesquels on tape actuellement car ils procèdent à des coupures de courant alors qu’ils n'ont eu aucune reconnaissance lorsqu’ils ont bataillé pour remettre le courant lors des dernières chutes de neige. Même chose pour nos collègues soignants dans les hôpitaux, il y a une fatigue générale dans la fonction publique, on arrive à un seuil de rupture. On peut combler jusqu’à une certaine limite, mais après, ce n'est plus possible, je pense notamment aux hospitaliers", conclut le professeur.Aujourd’hui une délégation de cinq enseignants syndiqués ou non ont été reçu par la Direction des services départementaux de l’Education Nationale, s’ils ne sont pas écoutés les professeurs ont déjà annoncé de nouveaux mouvements à la rentrée de janvier.