La grève de ce jeudi 5 décembre devrait fortement être suivie par les enseignants de Haute-Marne. 70 % d'entre eux sont annoncés grévistes dans le premier degré. Collèges et lycées devraient être eux aussi très impactés.
Devant l’école Jean Macé de Chaumont, les nouvelles sont affichées sur le tableau des messages à l’attention des parents. « En raison d’un mouvement de grève un service minimum sera assuré le 5 décembre de 8h30 à 11h45 et de 13h30 à 16h15 dans la salle d’accueil élémentaire. L’accueil du matin, du midi ainsi que la restauration est également assuré. » Les enfants pourront donc bien venir ce jeudi à l’école. Peu d'entre eux devraient pourtant avoir leçon, dictée ou récitation au programme de leur journée car la mobilisation des professeurs s’annonce massive.
Dans le premier degré, le syndicat SNUipp-FSU a lancé ces derniers jours une consultation auprès des enseignants pour prendre la température. « Sur 168 écoles consultées, 83 nous ont déjà répondu ce mardi avec un taux de 70 % de grévistes. La mobilisation s’annonce donc importante mais on attend encore les retours pour les autres écoles du département pour en savoir plus » explique-t-on au syndicat.
Ce taux de mobilisation se confirme par exemple à Saint-Dizier. Sur 76 enseignants des écoles élémentaires de la ville, 46 ont fait part de leur intention de faire grève. Pour la maternelle, la mobilisation est encore plus forte, avec 29 grévistes sur 36 enseignants.
Cette grève massive ne devrait pourtant pas entraîner la fermeture d’établissements car, comme la loi l’y oblige, la ville de Saint-Dizier a mis en place un service d’accueil minimum. Si les enseignants non-grévistes ne sont pas suffisants pour assurer la garde des enfants, des personnels de la ville les prendront en charge, pendant les heures de classe et le temps du repas.
"C’était un peu inquiétant car cette mobilisation nous paraissait énorme, poursuit Christiane Déchant, mais en fin de compte, on a suffisamment d’agents pour nous aider à mettre un service minimum d’accueil en place. On va pouvoir s’appuyer sur les agents municipaux présents mais aussi sur les animateurs qui habituellement travaillent sur les activités périscolaires. Tous les services seront assurés, dans toutes les écoles de Saint-Dizier, que ce soit l’accueil ou la cantine. »On a 70 % d’intention de grève de la part des enseignants, ce qui est énorme pour Saint-Dizier. En général, on est autour de 15 ou 20 %. Et nous avons en plus 18 agents municipaux en grève sur un effectif de 50
- Christiane Déchant, adjointe en charge de la famille et de l’éducation à la ville de Saint-Dizier.
À Saint-Dizier, comme dans tout le département de la Haute-Marne, les élèves du premier degré pourront donc être accueillis comme d’habitude. Seul changement possible, le lieu de cet accueil. Dans certaines villes, les élèves de maternelle et d’élémentaire seront regroupés ou accueillis dans des structures extérieures. Des changements d’adresse que l’Académie de Reims a recensés sur son site internet et qui concernent certains élèves de Bourbonne-les-Bains, Langres, Chalindrey et de plusieurs villages du département.
Grève massive dans le secondaire également
Dans le secondaire, là encore, la mobilisation devrait être importante mais il faudra attendre demain pour en savoir plus. Contrairement à leurs collègues du premier degré, les professeurs de collèges et lycées ne sont pas tenus d’informer l’inspection académique de leur volonté de faire grève ou non.Cela dit, les syndicats s’attendent à une grève très suivie. « On attend au moins plus de la moitié de grévistes dans le secondaire, estime Alexandre Bally, professeur d’histoire géographie au Lycée Charles de Gaulle de Chaumont et co-secrétaire du syndicat FSU Haute-Marne. C’est une réforme anxiogène qui risque de nous pénaliser très lourdement. On revient à une mobilisation telle qu’on a pu en connaître en 1995 ou en 2003 sur le sujet des retraites. C’est une mobilisation majeure. »
À Montier-en-Der, dans le nord du département, les enseignants avaient d’abord envisagé une opération "collège mort". Finalement, tous ne seront pas grévistes mais la cantine, elle, sera fermée. « Les agents du collège font grève à 100 % et donc il n’y aura pas de cantine, explique Louise Berthelot, professeur d’histoire au collège et militante au SNES. Des surveillants seront là pour accueillir les élèves et du côté des enseignants, la grève sera massive. On est proche de 70 à 80 % de grévistes. »
Les calculs de la réforme pour nous sont très mauvais. C’est une catastrophe, des pertes qui vont de 300 à 1000 € par mois par rapport à ce qu’on pouvait espérer aujourd’hui - Louise Berthelot, professeur d'histoire-géographie au collège de Montier-en-Der