En ce mois d'août 2020, les cyclistes sont de sortie à Chaumont malgré la chaleur. Sur certains axes routiers dans la ville, aucun problème pour circuler ou presque, mais d’autres seraient même dangereux d’après certains d’entre eux.
Comme tous les matins, Thibaut se rend au travail à vélo et comme tous les matins d’après lui, il manque de se faire renverser par une voiture. Le cycliste âgé de 30 ans est arrivé il y a un peu plus d’un an à Chaumont, en Haute-Marne. Venant d’une grande ville du Nord de la France, il a été très surpris de découvrir des pistes cyclables très "particulières !"
Des voitures stationnées sur les pistes cyclables ?
"Celles qui m’ont le plus surpris, ce sont celles de la rue de Dijon et de l’avenue de la république. Elles ne sont ni continues, ni uniformes. Il y a des endroits où l’on est obligé de passer par le trottoir, si on ne veut pas risquer de se faire écraser par les automobilistes. Or, ce n’est pas notre place. Ni celles des voitures que l’ont peut retrouver stationnées sur le trottoir ou les pistes cyclables d’ailleurs", s’insurge le cycliste d’origine lilloise.Arrivé à Chaumont, dont son père est originaire, le trentenaire a été extrêmement surpris par la place du vélo dans la ville. "Mon père avait l’habitude de me décrire les tours à vélo qu’il faisait enfant, il y a de belles montées, de belles étendues, et de la verdure. Tout ça pourrait rendre une promenade à vélo vraiment parfaite, mais le passage par la ville est compliqué, même sur les grands axes aménagés d’ailleurs", détaille-t-il.
J’ai l’impression d’être transparent auprès des autres usagers de la route.
"Sur une partie de l’avenue de la république, dans la zone d’Intermarché, la piste est aussi large que le vélo, c’est compliqué ! Surtout avec des automobilistes qui n’en ont rien à faire des cyclistes dans cette zone. Régulièrement, je manque de me faire renverser alors que je tiens ma ligne, et que je suis extrêmement prudent. Simplement, car les conducteurs ne respectent pas le mètre de distance qu’ils doivent mettre avec moi pour me doubler, sans parler des priorités non respectées. J’ai l’impression d’être transparent auprès des autres usagers de la route. J’ai bien compris quand je suis arrivé ici, que j’étais dans une ville « tout voiture » et je trouve ça fort dommage," conclut Thibaut.
Faire cohabiter voitures et vélos
Des remarques qu’entendent la ville de Chaumont et particulièrement l’adjoint à l’environnement et à l’urbanisme, Pierre Étienne. Jeune élu particulièrement sensibilisé aux causes environnementales, il a repris avec plaisir le dossier lancé par Christine Guillemy (DVC) en 2010. L’actuelle maire de Chaumont était à l’époque adjointe et avait lancé un plan de développement des aménagements du territoire pour faire cohabiter voitures et vélos. Une question difficile dans une ville très rurale où la voiture tient une place importante, mais où le vélo se développe de plus en plus."Faire en sorte que tout le monde cohabite est toujours un peu compliqué. Il nous est arrivé d’être confrontés à des réactions épidermiques de la part de certains automobilistes qui ne veulent pas forcément céder de la place aux vélos sur la route ou au niveau des stationnements, mais globalement, on sent que les Chaumontais ne sont pas opposés au développement du vélo dans la ville," assure Pierre Etienne, adjoint à l’environnement et à l’urbanisme.
De nouveaux aménagements prévus
L’aménagement se fait progressivement depuis 10 ans après concertation avec les Chaumontais selon les quartiers. L’avenue de la république, la rue de Dijon et son prolongement, ainsi que le vieux Chaumont sont désormais équipés de pistes cyclables. Pierre Etienne comprend l’insatisfaction de certains cyclistes concernant les aménagements qui ne correspondent pas à leurs attentes, comme les pistes cyclables étroites.
"Nous devons faire cohabiter trois voies de circulation de voiture et une voie vélo sur certaines zones de cette route. Il est vrai que les pistes sont plus étroites par endroits, mais malheureusement les agrandir obligerait à détruire une partie de la voirie pour agrandir la route, car on ne peut pas réduire plus les voie des voitures. Et donc en terme de coûts cela devient plus compliqué que le marquage au sol," concède l’élu.
"Néanmoins, même si ce n’est pas prévu dans l’immédiat, il n’est pas impossible que nous envisagions ces changements. En attendant, nous avons renforcé le marquage au sol avec un fond vert et des logos de vélo plus gros pour rendre les pistes plus visibles. Et nous travaillons au développement d’autres axes qui eux sont pour le moment dépourvus d’aménagement," rajoute-t-il.
La municipalité a décidé de faire appel à un bureau d’étude Tarnsitec spécialisé dans l’aménagement du territoire pour analyser les flux de circulations sur les axes de la rue Tréfousse menant au pont de Clamart et au pont de Langres, afin de les aménager. "Ce sont deux axes que les cyclistes nous ont fait remonter comme étant difficile à appréhender pour eux. Il est donc important que nous étudiions toutes les possibilités d’aménagements pour les rendre accessibles à tous, même si cela risque de prendre un peu de temps," développe Pierre Etienne.
Il est évident que nous allons continuer à travailler dans le sens du développement des pistes cyclables à Chaumont
Il y a quelques semaines, la municipalité poursuivait son aménagement du territoire en installant de nouveaux panneaux de circulation, comme ceux des voies à double sens cyclable aux entrées de la ville et rue Lévy-Alphandéry. Des accroche-vélos ont également été installés autour d’une trentaine de sites culturels, scolaires et sportifs. "La ville compte poursuivre ce type d’installation et souhaite également mettre en place des abris de vélos à différents points de la ville. Nous avons bien conscience du développement du cyclisme dans notre ville et de son intérêt à terme pour l’environnement, une cause qui nous tient à cœur. Il est évident que nous allons continuer à travailler dans le sens du développement des pistes cyclables à Chaumont," conclut l’élu.