Ils ont organisé leur inauguration de « pistes cyclables refusées » dimanche matin : les présidents des associations de défense de l’écologie et du vélo Aube Durable et Troyes en Selle déplorent l’absence de projets de vélovoies provisoires qu’ils jugent indispensables à ce jour.
La méthode est devenue récurrente. Pour dénoncer des situations qui leur paraissent injustifiées, Pascal Houplon et Nicolas Fréry apposent des photos sur l’espace public.
Dimanche, les présidents des associations Aube Durable et Troyes en Selle ont installé 8 affichettes dans plusieurs lieux, bien visibles à Troyes. Ils proposent des pistes cyclables provisoires sur les grands axes de leur ville : Boulevard Carnot près de la Gare, Bd Brossolette, Avenue du 1er mai ou Rue Raymond Poincaré ou Avenue Anatole France… Les deux militants n’ont pas eu de contact direct avec la mairie mais savent que la Ville y est hostile. Alors ils regrettent qu’on refuse de sécuriser l’espace public dans cette période si particulière.
« C’était vraiment le moment de permettre une augmentation de la pratique cycliste » commente Pascal Houplon. « Sur les axes que nous avons pointés il y a assez de place, et beaucoup moins de voitures qui circulent : cela rassurerait les personnes qui veulent s’y mettre ! »
Reims le met en place sur 8 km, c’est peu mais c’est déjà ça ! Dans la région, il y a aussi Charleville –Mézières.
- Pascal Houplon, président d'Aube Durable
Et un grand nombre d’autres villes en France s’y sont mises : Paris, bien sûr mais aussi Nantes, Toulouse, Montpellier… « Et cela aurait vraiment pu être de l’expérimentation » ajoute-t-il.
Impossible de se précipiter
Du côté de la Ville, Marc Bret insiste sur la nécessité d’opérer une concertation avec les riverains avant toute modification. L’Adjoint chargé du cadre de vie et du développement durable estime que « trois avenues troyennes devraient profiter d’aménagements repensés avec plus de place pour les vélos mais certainement pas dans la précipitation : le Mail des Charmilles, le Boulevard Danton et l’Avenue du 1er Mai. Cette dernière devrait d’ailleurs faire partie des artères requalifiées globalement durant la première partie du mandat.»Pour le moment en tout cas, même s’il y a deux fois deux voies sur l’avenue qui mène au stade de l’Aube, Marc Bret pense que faire cohabiter les cyclistes avec les bus et le stationnement déjà présent serait impossible et dangereux. « Quant aux autres boulevards, certains ont déjà fait l’objet récemment d’une requalification et d’autres ont trop de commerces. Ceux-ci souffrent déjà beaucoup, pas question de les pénaliser davantage. »
Une mesure « d’urgence sanitaire »
« J’observe beaucoup de personnes avec des vélos premiers prix dont on sent bien qu’ils viennent d’être ressortis par des personnes qui ne pratiquent pas habituellement. Par presse interposée, on nous rétorque qu’on ne sait pas comment va évoluer la circulation et qu’il faut de la concertation … » explique Nicolas Fréry. « Il n’y pas besoin de concertation, c’est une mesure d’urgence sanitaire. »La question du coût n’est pas anodine. «Un simple coup de peinture cela ne serait pas trop cher… » ajoute Nicolas Fréry même s’il reconnait qu’un aménagement plus sûr avec des plots en béton peut avoisiner les 50.000 euros le km2 selon le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement). « Mais quand on voit que la Ville de Troyes distribue des chèques gratuits de stationnement en ce moment, on voit bien quelles sont les priorités.»
Pour donner un coup de pouce minimal aux vélos, les deux associations viennent d’envoyer un courrier à la Mairie réclamant la gratuité pour la location de parking à la Halle aux Vélos.