REPLAY. "Le projet de leurs vies : aux commencements", 3 raisons de voir ce documentaire sur une famille qui choisit la décroissance

Beaucoup y songent; eux l'ont fait, ou plus exactement sont aux premices de leur bascule de vie. Ils sont tous membres d'une même famille et se lancent dans le pari de la décroissance joyeuse, dans un petit coin de verdure en Haute-Marne.

Ça part toujours d'une idée un peu folle. Puis l'idée se rapproche et devient envie. Enfin, quand le moment est venu elle devient projet.

Le projet de la famille Collin, les trois frères, leurs familles, et leur père est de partir vivre au vert. Mais pas pour le côté tendance, dans l'air du temps, non, pour un retour total à la nature, à la consommation autonome et directe et paradoxalement en ruralité, pour retrouver du lien social. 

Voici trois bonnes raisons de regarder Le projet de leurs vies : aux commencements un documentaire de Chloe Hunzinger. Le replay est à retrouver ci-dessous.

1. Parce beaucoup en rêvent, peu le vivent

Au gré des aléas de la vie, il peut arriver d'avoir envie de tout quitter pour une autre vie. Une vie plus proche de la nature, plus lente, fantasmée plus belle. Cette idée peut en titiller plus d'un, dont vous faites peut-être partie.

Les trois frères de la famille Collin, eux, n'ont pas fait que se laisser titiller par l'idée. François, en premier lieu explique :"J'ai commencé à m'intéresser à ce qui touche à l'écologie il y a une dizaine d'années. (...) Il faudrait peut-être plus se rapprocher de la nature dans mon mode de vie. Ça me permettra d'être plus logique avec ma démarche écologique, plus autonome au niveau alimentaire, énergétique". Il ajoute : "En en discutant avec Dominique on s'est trouvé un point commun, une envie de partir sur un projet plus résilient."

Ils envisageaient de changer de vie et de revenir à la nature.

Christian, le papa des trois frères

Et là où beaucoup s'arrêtent sur le beau rêve, la belle utopie et retournent à leur quotidien faute d'élan ou de ressources, les deux frères se sont lancés dans l'aventure à corps perdus. Avec le plus jeune de la fratrie, Jean-Luc, ils acquièrent une ferme isolée du côté de Fayl-Billot en Haute-Marne et quittent progressivement emplois et maisons en Alsace.

Christian, leur papa, légèrement inquiet, en convient : "Les fils un jour m'ont annoncé qu'ils envisageaient de changer de vie et de revenir à la nature. C'est assez en cohérence avec ce qu'ils avaient vécu avant."

2. Parce c'est une histoire de famille

La force du projet de François Dominique et Jean-Luc, c'est qu'ils ont souhaité le mener en famille. Dominique explique : "C'est un projet que nous aurions pu mener avec des amis, chacuns, mais on a décidé de le porter ensemble".

Leur papa Christian voit tout de suite les écueils : "Ça nécessite un pari important, parce que vivre à proximité les uns des autres c'est quand même un pari. Ça va demander un certain nombre d'efforts." Leurs enfants aussi émettent des réserves. Inès fille de Dominique et Isa confie : "On s'entend tous super bien donc ce serait triste que ce soit un peu la guerre au niveau de la famille. Mais", se rassure-t-elle, "il y a une telle complémentarité que ça n'arrivera pas".

C'est à eux de profiter

Inès fille d'Isabelle et de Dominique

Il y a bien sûr quelques réticences, comme celles exprimée par une autre fille d'Isabelle et Dominique : "Une de mes filles m'a dit que c'était très égoïste de les avoir laissés (ndlr : pour le projet). Du coup elle n'a pas du tout envie de venir à la ferme." Inès, plus âgée que sa soeur, et plus amarrée peut-être considère les choses autrement : "On a vu un changement parce que mes parents sont beaucoup plus à la ferme. Si c'est ça qui les rend heureux, moi ça me rend heureuse aussi. C'est à eux de profiter".

Quant à François, il affirme que cela l'a rapproché de ses enfants : "Moi je ne vis pas avec mes enfants ; ils sont grands. S'il y a bien un endroit où j'aime être avec eux c'est ici. On fait des choses ensemble; il y a un vrai échange que j'ai rarement avec eux. C'est un bénéfice secondaire que je n'avais pas intégré au départ. S'il n'y avait qu'une seule raison pour faire ce projet ce serait suffisant".

Loin d'y voir un effort supplémentaire, les trois frères apprennent à en faire une force. Les épouses sont rapidement convaincues et "parties prenantes". Les rôles se répartissent, les espaces aussi. Chaque décision est le fruit d'échanges, de discussions et de compromis : les fondements de la vie en communauté. Et Jean-Luc, qui ne s'est pas installé encore dans les lieux, prend à cœur son rôle de médiateur : "Quand il peut y avoir des tensions, car c'est inévitable, comme j'ai du recul, je peux apaiser". Chacun trouve sa place dans ce lieu refuge.

 3. Parce qu'au-delà de la famille, il y a tous les autres

Ce "retour à la terre", cette vision écolo de sobriété joyeuse, chère à Pierre Rabhi, pourrait être le cœur du projet de la famille Collin. Et se suffire à elle-même. Pourtant non. Cela ne leur suffit pas. François, l'aîné des frères s'enthousiasme : "On est au tout début de quelque chose de nouveau. Une belle utopie. Une envie d'avoir un lieu sobre et joyeux. Et pourquoi pas un lieu école, de partage, de formation d'expérimentation; c'est un début".

Jean-Luc, d'abord un peu sceptique, se laisse séduire petit à petit par "ce mode de vie qui va vers un plus grand respect de la nature". L'instituteur -Il est attaché à ce terme-là- se voit comme un passeur de valeurs :"pouvoir éveiller les enfants à beaucoup de choses, notamment le respect de l'environnement, l'écologie (...) allumer quelques lanternes". Des activités qu'ils imaginent ancrées dans le territoire haut-marnais.

Qu'est ce qu'on peut apporter comme pierre à l'édifice ?

François

Pour ce faire, ils présentent leur projet et commencent à ramifier leur réseau, dans le respect des approches rurales. Leur credo : "On se sent déjà investi de ce qui se passe dans le village. Qu'est ce qu'on peut apporter comme pierre à l'édifice ?" Ils sont d'ailleurs très fiers de leurs connaissances du patois :"On connaît quelques mots (ndlr : en patois haut-marnais) que les gens d'Alsace ne connaissent pas, comme godin (ndlr : asticot) ou ça ramasse" que l''on pourrait traduire par un familier "il s'en prend une bonne" sous-entendu, une baffe.

Dominique s'étonne : "On a fait de chouettes rencontres; on découvre. C'est différent du milieu urbain. Quelqu'un te dit "je passe te voir" et puis tout à coup quelqu'un débarque dans ta cour et on ne sait pas combien de temps ça va durer. ici on passe encore se voir comme quand on était gamin et qu'on allait sonner chez le copain. Il n'y a pas d'agenda ; c'est vraiment chouette".   

Voulu dès le départ par Dominique "comme un lieu d'accueil, très ouvert pour en faire un écolieu", ils ont pensé "aussi installer un festival dans la cour, ou accueillir des artistes en résidence..." Une série d'idées qui continuent de fuser, une dynamique qui oscille entre espoirs et craintes, optimisme et doutes qui fait tout le sel de leur aventure.

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