Attendu depuis une vingtaine d’années par les éleveurs du département, le nouvel abattoir de Chaumont en Haute-Marne devrait être opérationnel dans les mois qui viennent. Un outil porté par le département qui devait favoriser le circuit court.
C’est un abattoir porté par le département de la Haute-Marne qui est en train de voir le jour sur la zone Plein’Est 2 de Chaumont. Un abattoir, porté par une collectivité "parce qu’il n’était plus possible d’être à la merci de menaces de fermeture de l’actuel abattoir, défendait il y a un an, Nicolas Lacroix, Président du Conseil départemental de la Haute-Marne. Le Département devait s’emparer du sujet au nom de la filière viande et au nom de notre territoire".
Car cet abattoir, c’est avant tout un outil de sauvegarde pour la collectivité mais aussi pour toute la filière élevage, qui est en perte de vitesse ces dernières années. En cause, ce que l’on appelle la décapitalisation progressive des cheptels, c’est-à-dire la baisse du nombre de têtes par élevage, mais aussi une consommation de viande qui ne cesse de baisser.
Soutenir les filières « viandes »
Et pourtant, pour Grégory Dubois, directeur de la coopérative COOP Viandes Haute-Marne, qui exploitera le site, il existe une demande de viande au niveau local : "L’ancien abattoir de Chaumont travaille beaucoup avec des grandes surfaces que ce soit à Chaumont ou dans le sud Haute-Marne, à Langres, mais aussi avec des magasins de producteurs, donc il y a une demande locale", constate-t-il. Le directeur estime aussi qu’un tel outil permettra de sécuriser les filières déjà en place mais aussi d’en recréer des nouvelles : "On le voit au niveau de la filière porcs : il y a toute une filière à remonter, et je pense que l’abattoir permettra de structurer ces filières autour de cet outil-là".
Réduire l’échelle, donc, avec un outil de petite capacité qui veut travailler dans la proximité, et donc favoriser le circuit court et la vente directe. Un atelier de transformation et de mise sous-vide est d’ailleurs compris dans les plans, dans cette optique-là.
De l’élevage à l’assiette
Certains des bovins, porcs ou encore moutons qui entreront dans ce nouvel abattoir d’ici quelques mois auront donc de grandes chances de finir directement dans des assiettes haut-marnaises, voire dans celle des écoliers du territoire : "Le département s’implique beaucoup dans la transformation de toutes ses productions, notamment de ses productions agricoles, précise Nicolas Lacroix, président du département. On travaille beaucoup sur les circuits courts, on est très impliqués dans les cantines scolaires. C’est pour cela qu’il nous fallait un outil d’abattage, un outil de transformation".
C’est donc chose faite avec cette structure toute neuve, qui réjouit d’ailleurs les éleveurs aux alentours, comme Romain Graillot, qui élève des bovins à Mareilles, à une dizaine de minutes du futur abattoir. "Cela va me permettre de gagner du temps, de faire davantage de vente directe, espère-t-il. Et puis pour le bien-être animal, le transport est réduit". Avec des voyages en moyenne inférieurs à une heure, le stress des animaux pourrait être en effet fortement limité.
Limiter l’impact environnemental
Mais le département, qui a pris à la ville de Chaumont la compétence de réalisation et de gestion de l’abattoir, a aussi souhaité faire de l’établissement une référence d’un point de vue environnemental : l’architecture et l’ergonomie des espaces ont été pensées pour le bien-être de ceux qui y travaillent et le respect des animaux. Mais le bâtiment devrait également être performant d’un point de vue énergétique avec le suivi en continu des consommations d’énergies et la récupération de ces mêmes énergies pour chauffer une partie des eaux utilisées. Les eaux usées seront quant à elles prétraitées avant d’être évacuées. Quant au système de chauffage, il devrait permettre de produire 50 fois moins de gaz à effets de serre que ce qu’exigeront les normes en 2030, d’après le site du département.
"Nous n’aurions plus d’abattoir en Haute-Marne si celui-là n’était pas en train de voir le jour, conclut Romain Graillot. Donc c’est vraiment une opportunité exceptionnelle pour nous, éleveurs".
Le nouvel abattoir de Chaumont, qui aura coûté 7,9 millions d'euros, devrait entrer en service à la fin de l’été. Il pourrait produire jusqu'à 1 500 tonnes de viande par an.