Langres : les voyages de Joseph Girault de Prangey, pionnier de la photographie

Le Musée d'art et d'histoire de Langres raconte les Mille et un Orient de Joseph Girault de Prangey. L'occasion de découvrir à partir du 1er juillet ce Langrois passionné de patrimoine, de photographie et surtout d'Orient. Une des plus grandes figures de l'histoire de Langres.

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Il a fallu près de huit ans de travail pour réaliser cette exposition. Un hommage rendu, à partir du 1er juillet, au Langrois Joseph Philibert Girault de Prangey, un des personnages les plus originaux et audacieux de son temps. 
 
Le conservateur du Musée d'art et d'histoire de Langres, Olivier Caumont ne cache pas son impatience à dévoiler ces œuvres au public.

« C'est un événement pour Langres, et plus largement, que de redécouvrir cet homme du 19e siècle dont la vie est extraordinaire de voyage, d'invention de création artistique. C'est une exposition inédite car elle montre non seulement son œuvre photographique qu'on connaît le plus souvent mais on montre aussi, l'aquarelliste, le dessinateur, le spécialiste de l'architecture arabe, et ça c'est une première. »

Pour Olivier Caumont, cette exposition est magnifique invitation au voyage de l'Egypte à l'Andalousie, jusqu'à la campagne haut-marnaise.
 
Avec les Mille et un Orient de Girault de Prangey, l'exposition montre comment Girault de Prangey s'est intéressé à cet ailleurs de tant de façons différentes. Héritier d'une famille de très longue tradition langroise, aristocrate, Girault de Prangey va rapidement consacrer sa fortune à sa passion de l'archéologie et de l'architecture. 

La première salle de l'exposition raconte notamment comment il sera à l'origine de la création du musée de Langres dès 1832. Un moyen pour lui de conserver toutes les richesses patrimoniales de Langres, des monuments qu'il étudie et dessine pour réaliser des lithographies.

Sept ans de voyage en Orient

Ce goût des monuments anciens et de l'histoire va le pousser à partir. Les deuxième et troisième salles nous emmènent dans ses grands voyages vers l'Orient. Il découvre d'abord l'architecture arabe dans le Sud de l'Espagne et dans toute la Méditerranée occidentale. 

Pendant trois ans, il part seul, bien décidé à ne pas en perdre une miette. « Il ne part clairement pas pour s'amuser mais pour étudier l'architecture arabe. Et pour être le plus rapide et précis, pour faire plus de dessins, de photos, il préfère être seul. » À une époque où le voyage est loin d'être une évidence, cela montre sa détermination et sa passion. 
 

Il se lance quelques années plus tard dans son "Grand tour". En 1842, il s'élance dans une périple de quatre ans sur les rives de la Méditerranée orientale : l'empire Ottoman, la Syrie, la Palestine, l'Egypte. Il sera le premier à photographier ces contrées lointaines alors que la photographie vient tout juste d'être inventée.
 

Girault de Prangey est un romantique, c'est un artiste mais aussi un artisan de l'image.

Olivier Caumont, Commissaire de l'exposition


« Il expérimente de nombreuses techniques, le dessin, l'aquarelle, la peinture, l'édition lithographique... Et toute sa vie, il va être en quête des techniques les plus modernes. Alors que la photographie est inventée par Daguerre en 1839, il réalise ses propres daguerréotypes dès 1840. En ça, c'est un primitif de la photographie. Ces photos ont une renommée mondiale aujourd'hui car il s'agit des premières représentations photographiques de l'Orient. »

En 2018, le Metropolitan Museum of Art de New York a consacré une exposition à ses photographies. 
 
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The pillars of the thirteenth-century B.C. funerary temple of the pharaoh Rameses II, pictured here, incorporate figures of Osiris, the Egyptian god of death and resurrection. Before gilding the image, Girault de Prangey purposefully swiped and erased the fragile image surface on all four sides, creating a handmade frame. The related watercolor, like his other preparatory studies, is partially modeled on the daguerreotype. However, he extended the scene on the left and right sides, matching the more rectangular landscape orientation of the published prints. #MetPhotographs #MonumentalJourney . Joseph-Philibert Girault de Prangey. Ramesseum, Thebes, 1844. Daguerreotype. Purchase, Mr. and Mrs. John A. Moran Gift, in memory of Louise Chisholm Moran, Joyce F. Menschel Gift, Joseph Pulitzer Bequest, 2016 Benefit Fund, and Gift of Dr. Mortimer D. Sackler, Theresa Sackler and Family, 2016 (2016.604) Joseph-Philibert Girault de Prangey. Ramesseum, Thebes, ca. 1844. Watercolor. Musée d’Art et d’Histoire, Langres, Fonds Flocard

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À cette occasion, l'expert américain Grant B. Romer reconnaissait la grande valeur de ce travail. « Il s'agit de remarquables témoignages du monde méditerranéen. Beaucoup de ces monuments ont été abîmés ou détruits et de bien des manières, il s'agit des premières oeuvres de ce genre. » 
 

Olivier Caumont confirme cette nouvelle renommée. « Il a été oublié au début du XXè siècle mais depuis 20 ans on le redécouvre au niveau mondial. Ses œuvres et notamment ses photographies sont collectionnées par les grands collectionneurs de par le monde. Au Getty Museum en Californie, à New York, à la Bibliothèque nationale de France, il y a des œuvres de Girault de Prangey. 

La chance de Langres, c'est d'être le berceau de Girault de Prangey. « Nous avons ici c'est d'avoir ici les collections historiques qu'il a lui même données au musée de son vivant, poursuit le conservateur. Ça nous permet de montrer 220 œuvres pour cette exposition dont la plupart sont inédites. De quoi découvrir vraiment qui était ce grand personnage. »

L'Orient jusque dans la campagne langroise


L'exposition se termine par la dernière grande œuvre de la vie de Joseph Girault de Prangey. Après avoir été vers l'Orient, il va amener l'Orient chez lui. Pendant 50 ans, il va créer le domaine des Tuaires, une propriété de neuf hectares au sud de Langres où il va s'entourer de toute l'architecture qu'il a admirée dans ses voyages. 

« On y trouvera des bâtiments avec une coupole, un minaret et des fenêtres à arc-outre passé, détaille Olivier Caumont. Il y avait aussi de très grands jardins avec des volières, des serres avec des espèces exotiques, des ananas, des palmiers, des bananiers, des choses complètement extraordinaires dans la campagne langroise au milieu du XIXè siècle. »
 

Le domaine a aujourd'hui disparu. Tout comme la mémoire de Girault de Prangey pendant près d'un siècle. Cette exposition permet de redécouvrir son œuvre et la douce folie que lui a inspiré l'Orient tout au long de sa vie.

 
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