Pourquoi les associations et refuges appellent à la stérilisation des chats

Cette année, les chattes sont pleines beaucoup plus tôt que les années précédentes. Une catastrophe pour les refuges comme "L’amour des chats 52", en Haute-Marne, qui manquent déjà de place pour accueillir les chats errants de Saint-Dizier et des environs.

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Tout commence en 2015 quand William croise une chatte gestante dans son jardin. Cet habitant de Haute-Marne, âgé de 38 ans, préfère garder l’anonymat, ainsi que son lieu de vie secret, suite à des abandons répétés devant sa porte. Son amour pour les chats étant bien connu. A l'époque, il n’avait pas idée de l’ampleur qu’allait prendre l’arrivée de cette petite chatte chez lui.

"La minette se servait dans les gamelles de mes chats et peu à peu, je lui ai mis sa propre gamelle pour qu’elle ne meure pas de faim. Surtout que j’avais vu qu’elle était pleine. J’aime trop les animaux pour les laisser sans rien. Elle avait été abandonnée dans le quartier. Et un jour, elle est venue toute maigre. Elle avait mis bas. C’est trois semaines après qu’elle m’a ramené ses chatons ! J’ai essayé de l’attraper pour l’emmener chez le vétérinaire, mais elle était trop sauvage, même si elle m’avait montré sa reconnaissance et une forme de confiance en m’emmenant ses petits", raconte-t-il. 

Des chatons chaque année dans le jardin

Avant de poursuivre : "Sur trois chatons, deux d’entre eux sont partis très vite du jardin. J’allais faire opérer le chaton restant via une association de protection des animaux quand quelqu’un l’a empoisonné dans le quartier. Je n’ai rien pu faire pour lui. Sa mère était partie entre temps. Je ne pensais pas qu’elle me ramènerait ses chatons l’année suivante, mais si ! En 2016, je me retrouvais avec quatre chatons, deux mâles et deux femelles. Les deux mâles sont partis faire leur vie ailleurs, et les deux femelles se sont retrouvées pleines à, à peine cinq mois. Je n’ai même pas eu le temps de prendre rendez-vous avec l’association de l’année précédente pour la stérilisation. L’interruption de grossesse n’était pas prise en charge par celle-ci à l’époque."

J'ai tellement pris en charge de chatons, que j'ai fini par ne plus savoir combien j'en ai recueillis.

William, bénévole


William se retrouvait alors avec sept chatons dont quatre femelles, trois d’entre elles ont été adoptées ainsi qu’un mâle. Les autres sont partis du jardin avant qu’il n’ait eu le temps de les approcher et de les rendre moins sauvages. Mais une fois encore la petite femelle est revenue l’année suivante avec ses petits. "J'ai fini par perdre le compte, tellement j'en ai recueillis", explique-t-il. William en tant que particulier a fini par faire stériliser une quinzaine de chats errants de son quartier et faire adopter autant de chatons par des familles qui lui donnent régulièrement des nouvelles. Aujourd’hui, il a réussi à force d’efforts à réguler la population de chats errants, mais il a peur que l'histoire se reproduise avec de nouveaux abandons.  

"Je suis très en colère contre les personnes qui ont abandonné la première petite femelle, et les autres propriétaires de chats du quartier qui ne font pas stériliser leurs animaux quand ils sont des mâles. Les petites chattes étaient fécondées par les matous en rut avant même leur six mois. Je n’avais pas le temps de les approcher pour les rendre moins sauvages qu’elles étaient enceintes. C’était catastrophique. Je faisais comme je pouvais, mais je ne pouvais pas gérer toutes les opérations tout seul en parallèle de mon travail. Je fais ça bénévolement," s’insurge le trentenaire. 

Six femelles enceintes stérilisées la même semaine

Une colère que comprend très bien Isabelle Peridon, la présidente de l’association et refuge "L’amour des chats 52". "La période de fécondité a déjà commencé, la semaine du 12 au 18 avril 2021, nous avons fait opérer six minettes. Elles avaient toutes au moins quatre bébés dans le ventre. La plus petite avait cinq mois et demi, la plus vieille huit mois. Nous faisons pratiquer les interruptions de grossesse afin d’éviter les montées de lait, le développement de leur instinct maternel, les accouchements difficiles et surtout la prolifération de nouveaux chats errants. Nous n’avons déjà pas assez de place pour ceux déjà nés, alors des chatons, c’est impossible de les garder", détaille-t-elle.

La présidente du refuge appelle elle aussi à la stérilisation des mâles et pas uniquement des femelles qu’ils soient errants ou non d’ailleurs : "Un mâle peut féconder plusieurs femelles, et il est en permanence en chaleur, il hurle, marque son territoire en urinant partout, se bat avec d’autres chats. C’est comme ça que les maladies finissent par se propager, les plaies s’infectent parfois. C’est nécessaire d’empêcher ça !"

1090 chats errants stérilisés depuis 2016

L’été 2020, l’association qui vient en aide aux chats errants de Saint-Dizier a recueilli 60 chatons, et fait adopter 277 chats. "Il y a beaucoup de passage chez nous, on veut que ça reste du sauvetage, donc on ne fait payer que l’identification aux propriétaires des chats que l’on choisit avec beaucoup de soin et avec qui on établit des contrats," explique Isabelle Peridon. 

Depuis sa création en 2016 l’association et refuge "L’amour des chats 52" a fait stériliser 1.090 chats errants à Saint-Dizier et ses environs, ce qui confère à ces animaux le statuts de chats libres. Ils ne peuvent pas être attrapés par la fourrière ou chassés du territoire. Mais cela représente un coût important : "la première année, c’est mon porte-monnaie qui en a pris un coup. Ensuite, les gens ont commencé à nous faire des dons d’argent, de nourriture, de litières et nous sommes aussi soutenus par 30 millions d’amis qui finance une partie des stérilisations."


Les mairies comme les particuliers peuvent en effet faire appel aux associations pour faire stériliser les chats errants de leur quartier et éviter une prolifération féline. "J’aimerais que les gens réalisent que les animaux ne sont pas des jouets et qu’adopter nécessite des soins, avec en premier lieu celui de stériliser son animal," s’insurge William. 

Le prix de la stérilisation

Le Haut-Marnais s’est retrouvé fin septembre 2020 avec une portée de chatons dont la mère est décédée, car elle était trop fragile et trop jeune pour accoucher en sécurité : "j’ai nourri au biberon quatre à cinq fois par jour pendant trois mois environ cinq chatons avec un lait spécial acheté en pharmacie. Je leur ai appris à être propres, grâce aux conseils des vétérinaires qui m’ont expliqué comment faire."

"J’ai dû endosser le rôle de maman et leur apprendre à faire leur toilette avec un petit mouchoir humide par exemple. L’une d’entre eux est malheureusement décédée suite à une maladie courant mars 2021. C’est un gros engagement émotionnel. Je me retrouve à rattraper les bêtises de personnes inconscientes qui adoptent sans réfléchir et finissent par abandonner leurs animaux. Je suis content, car le reste de la portée a été placé chez des personnes qui adorent les chats et me donnent régulièrement des nouvelles de chacun d’entre eux."

Pour rappel la stérilisation d’un chat mâle coûte selon les vétérinaires entre 60 et 70 euros, celle d’une femelle entre 100 et 120 euros selon le professionnel de santé animale. 

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