Animaux. Trop de chatons nés en 2020, les refuges de Haute-Marne tirent la sonnette d’alarme

Durant le confinement les stérilisations n’ont pas pu être assurées par les cabinets vétérinaires qui consultaient exclusivement pour des urgences. De ce fait, de nombreuses chattes ont été fécondées et ont donné naissance à des dizaines de chatons, plus que les années précédentes.

 

Ce lundi 20 juillet 2020, le refuge "L’amour des chats 52" basé à Saint-Dizier, en Haute-Marne compte 36 chatons à placer à l’adoption. Le mois dernier, ils étaient une cinquantaine. Cette année à cause du confinement l’association, créée il y a quatre ans, a dû accueillir des chatons bien plus tôt que les autres années. 
 

"Nous sommes débordés. Nous le sommes chaque année, mais d’habitude nous accueillons les chatons début juin. Confinement oblige, nous étions déjà débordés début mai", explique Isabelle Peridon, présidente de l’association "L’amour des chats 52".

Mais le problème n’est pas spécifique au confinement d’après la présidente de l’association. Depuis 2016, l’organisme a fait stériliser 1.000 chats errants sur le secteur de Saint-Dizier et placé environ 800 chatons dont elle suit l’évolution au sein des familles d’accueil. Il y a donc un vrai travail de prévention à faire auprès des propriétaires de chats d’après elle, car beaucoup de chats errants sont des chatons ou chats abandonnés et/ou non identifiés et non stérilisés. 

"Une chatte peut faire jusqu’à vingt bébés par an. Qui eux même à partir de l’âge de six mois peuvent faire une vingtaine de chatons par an. Un couple de chats avec sa descendance peut donc créer une colonie de 20.000 chats sur toute leur vie. C’est énorme, il faut faire stériliser ses animaux," s’exclame-t-elle.

Avant de préciser : "Nous stérilisons aussi bien les mâles que les femelles contrairement aux idées reçues. Nous accordons une vraie attention aux mâles, car les hormones les rendent agressifs, ils se battent, et se transmettent des maladies comme le typhus, ou encore la leucose. La stérilisation, c’est avant tout un moyen de préserver la santé des chats. Sans compter que lorsque leur comportement n’est plus dicté par les hormones, même les chats très sauvages sont plus doux et peuvent se laisser approcher." 

C’est grâce à l’association 30 millions d’amis que l’association réussit à venir en aide aux félins du secteur de Saint-Dizier. Depuis plusieurs années, l’association fournit de bons de stérilisations à certaines municipalités pour éviter la prolifération de félins. Si une mairie décide de prendre en charge une dizaine d’opérations, l’association en paiera dix autres. 
 

Le but de la stérilisation est avant tout de garantir une bonne santé aux chats même errants qui bénéficient ainsi du statut de chats libres qui évitent la propagation de nuisibles comme les rats, ou les souris dans certains territoires. 

L’association "Aide aux animaux en détresse 52" procède de la même façon que l’association "L’amour des chats 52" sur le secteur de Saint-Dizier et alentours également. Créé il y a six ans, l’organisme capture les chats errants signalés par des riverains ou des promeneurs et procèdent aux identifications et aux stérilisations de ces derniers. En 5 ans, cette association en est à 600 stérilisations uniquement sur Saint-Dizier. D’après son créateur Maurice Burton, la population de chats errants aurait diminuer de 65 % en cinq ans dans le secteur du Vert-Bois, un des quartiers populaires bragards.
 

Ne pas faire castrer son chat est une forme de maltraitance

Maurice Burton-Président de l'association "Aide aux animaux en détresse 52"

"Ne pas faire castrer son chat est une forme de maltraitance. Les chaleurs sont difficiles à supporter pour les chats physiquement, les tensions sont importantes à cette période et les bagarres peuvent provoquer des maladies ou de graves blessures", rappelle lui aussi Maurice Burton.

"Nous comptons sur les Bragards, entre autres, pour nous tenir informer lorsqu’ils repèrent des chats errants. S’ils n’ont pas de propriétaires, nous nous occupons des stérilisations grâce à l’association 30 millions d’amis et à la commune de Saint-Dizier qui nous aide énormément depuis notre création," rajoute-t-il.

Les deux associations relâchent ensuite les chats dans des zones appropriées où ils ne sont pas abandonnés à leurs sorts au contraire. Chaque jour, ils reçoivent de l’eau, de la nourriture et des soins de la part des bénévoles des deux associations selon leur secteur. Les chats très sociables et les chatons sont identifiés, stérilisés et placés. 
 
Une fois opérés et identifiés, les chats bénéficient du statut de chat libre protégé par la loi du 6 janvier 1999 complétée par la loi de janvier 2015. Le chat est reconnu comme un être sensible dans le code civil, d’après l’article 515-14. Les actes de cruauté à son égard ou à l’égard de tout autre animal sont quant à eux soumis à l’article 521-1 du code pénal qui prévoit jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30.000 d’amende pour le coupable. L’association "Aide aux animaux en détresse 52" n’hésite pas à faire appel aux forces de l’ordre avec qui elle travaille en étroite collaboration pour faire respecter les animaux et notamment les chats libres dans le secteur de Saint-Dizier.  Pour rappel, la stérilisation d’un chat selon les vétérinaires peut coûter entre 60 et 80 € et celle d’une chatte entre 110 et 140 €. Les associations de protections des animaux haut-marnaises tiennent à rappeler : "Qu’adopter un animal est une vraie responsabilité qui implique des coûts financiers et l’adaptation de son rythme de vie. Elle ne doit pas s’effectuer sur un coup de tête. Les animaux restent des êtres vivants doués d’une sensibilité qui sont traumatisés lorsqu’ils sont abandonnés."

Cette année, les abandons sont encore nombreux pendant l’été. C’est l’autre combat que mènent les associations protectrices des animaux en Haute-Marne, mais aussi au niveau national.