Saint-Dizier : au lycée Saint-Exupéry, la peur des enseignants s’est installée avec la multiplication des insultes et des menaces

A Saint Dizier en Haute-Marne, des enseignants ont lancé un appel de détresse mardi 7 décembre, au lycée Saint-Exupéry. Propos sexistes, remise en cause de la laïcité, invocation de la religion, les enseignants se sentent en danger. Leur hiérarchie a été alertée.

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L’appel à la grève des personnels enseignants du lycée Saint-Exupéry de Saint-Dizier (Haute-Marne) a été largement suivi. 70% des enseignants se sont mobilisés, mardi 7 décembre 2021, pour alarmer leur hiérarchie sur la situation qui depuis environ trois ans s’est dégradée, indique une enseignante. Ce n’est pas du ras-le-bol, ce n’est pas de l’exaspération, aujourd’hui, les enseignants ont peur.

On ne veut pas en dire plus, par peur des représailles. On a en mémoire Samuel Paty. Ce qui lui est arrivé, peut tous nous concerner un jour ou l'autre

Une enseignante du lycée Saint-Exupéry de Saint-Dizier.

"Je t’enc… sur le Coran", "Toi, je te parle pas, t’es une femme", " Le règlement intérieur, je m’en fous, j’lai pas signé", " Le proviseur, c’est pas mon chef", voilà les propos rapportés par les enseignants du lycée Saint-Exupéry. Certains ont reçu des menaces mettant en cause leur intégrité physique. Plusieurs sont en arrêt maladie.

"Un collègue ne pourra pas revenir", indique une enseignante. Le climat est tel dans l’établissement, qu’elle ne souhaite pas communiquer son identité, et évite de donner des détails qui permettraient de l’identifier.

Les enseignants ne se sentent pas soutenus suffisamment. © Charlotte Meunier FTV.

L’assassinat de Samuel Paty dans tous les esprits

"On ne veut pas en dire plus, par peur des représailles. On a en mémoire Samuel Paty. Ce qui lui est arrivé peut tous nous concerner un jour ou l’autre". Les enseignants de cet établissement d’enseignement général, technologique  et professionnel qui accueille environ 800 élèves, se sentent en danger.

"On est dans une espèce de toute puissance. On a le sentiment qu’ils n’ont pas peur de la sanction. Les commissions éducatives ne sont pas suffisantes. Quand des élèves sont exclus deux jours, ils reviennent en disant qu’ils ont joué à FIFA".

Les enseignants réclament des conseils de discipline, des sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion définitive de l’établissement. Ils appellent au secours leur hiérarchie pour qu’elle les soutienne, mais "On a l’impression que c’est le prof qui ne sait pas faire. On doit se justifier. C’est un peu dur".

Quand des cahiers sont jetés en l’air, c’est difficile de faire cours. "Les collègues font la police, on ne peut pas exclure les perturbateurs des cours". Les enseignants trouvent anormal qu’une minorité de personnes fassent la loi, et qu’elles reviennent "en fanfaronnant après deux jours d’exclusion".

Les enseignants dénoncent les comportements de certains élèves. © Charlotte Meunier FTV.

La recherche d’un apaisement

Au Rectorat de l’Académie de Reims, on déclare entendre la détresse des enseignants, et l’on assure que l’on met tout en œuvre pour apaiser la situation dans le lycée. Chef d’établissement remplacé, suite à son absence depuis mi-octobre, mobilisation d’inspecteurs d’académie-inspecteurs pédagogiques, accompagnement des élèves et de l’équipe pédagogique sont les mesures annoncées.

Un accompagnement des élèves concernés et de l’équipe pédagogique a été mis en place, poursuit le rectorat, avec le soutien permanent de l’équipe de la vie scolaire. Des mesures ont été prises dans le même temps par le chef d’établissement afin que du personnel assure la sécurité dans et aux abords de l’établissement.

On a l'impression que c'est le prof qui ne sait pas faire. On doit se justifier. C'est un peu dur.

Une enseignante du lycée Saint-Exupéry de Saint-Dizier                                                                                                

Dans le lycée, et aux abords de l'établissement, l'équipe mobile de sécurité est mobilisée, et un emploi d'assistant d'éducation a été maintenu. Des enseignants ont rencontré le Directeur Académique des services de l'Education Nationale, à Chaumont. Au Rectorat on assure que sa porte leur est ouverte, dès que cela est nécessaire. On invite les enseignants menacés à aller porter plainte et à demander une protection fonctionnelle. 

Cela suffira-t-il à apaiser la peur du corps éducatif ? Et qu'en est-il des élèves qui fréquentent le lycée pour y acquérir des savoirs ?

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