Dans chaque département, au moins une association est chargée de l'accueil et de l'accompagnement des femmes victimes de violences conjugales. A Saint-Dizier, en Haute-Marne, SOS femmes les reçoit et les aident.
Alors qu'à Givet, dans les Ardennes, une femme de 36 ans est devenue ce samedi 8 juin, la 64ème femme à mourir sous les coups de son compagnon en 2019, dans chaque département de Champagne-Ardenne, des associations sont chargées par le gouvernement d'accueillir et d'accompagner les victimes de violences conjugales. En Haute-Marne, c'est SOS Femmes, basée à Saint-Dizier, qui propose notamment un accueil de jour. Chaque année, entre 100 et 150 femmes bénéficient de cette aide. Nous avons interrogé l'une des assistantes sociales de l'infrastructure : Audrey Cote.
Comment accompagnez-vous les femmes victimes de violences conjugales ?
Il faut déjà les entendre, les accompagner et les soutenir dans tout ce qu'elles vivent. La grosse difficulté, c'est d'abord de leur faire se rendre compte que la situation qu'elles vivent n'est pas normale.
Malheureusement les femmes qui vivent cet enfer au quotidien sont souvent très isolées, et dans des difficultés qui font qu'être autonome leur paraît impossible. Il y a dans toutes ces situations au minimum des violences psychologiques, qui sont dévastatrices. De la dévalorisation, des menaces, etc… Les personnes perdent énormément confiance en elles. Il y a aussi les violences économiques. Pour qu'elles retrouvent une autonomie, on va regarder ce à quoi elles ont droit, et faire les demandes avec elles.
Il leur faire comprendre que quelque chose ne va pas, mais qu'au bout du tunnel il y a quelque chose et que je vais les accompagner pour y arriver. Et il faut travailler sur leur confiance en elles.
C'est un processus long ?
C'est très compliqué et très long. Déjà, la première chose, c'est de ne pas rendre obligatoire la plainte. Ce qui est important, c'est de leur laisser le choix, de ne pas imposer les choses. Je leur explique leurs droits et en quoi je peux les accompagner. C'est un processus qui doit venir d'elles-mêmes et qui se fait au fil du temps.
Par exemple, ça ne sert à rien de leur dire de déposer plainte alors qu'elles ne sont pas en capacité psychologique ou qu'elles n'ont pas l'autonomie pour le faire.
On dit souvent que le moment du départ, celui où une femme quitte un conjoint violent, est critique. Est-ce que vous les protégez plus particulièrement à ce moment-là ?
Nécessairement. Quand elles quittent le domicile, on les encourage à changer de numéro de téléphone par exemple, même si quand il y a des enfants, ça reste compliqué de couper les ponts. Car le père reste le père, il y a des démarches juridiques… On les accompagne là aussi.
Il existe des centres d'hébergement pour les femmes victimes. Nous gérons un centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Nous avons 40 places où nous accueillons des femmes seules et avec des enfants. On essaie de les protéger, parfois en masquant leur identité, en la changeant ou en la codant. Nous sommes tenus par le secret professionnel.
Qu'est-ce que vous conseillez à une femme qui craint son ex-conjoint violent ?
Il existe notamment un dispositif, "grave danger", mis en place dans tous les départements. Un téléphone est mis à disposition des victimes lorsqu'elles n'ont plus de contact avec l'agresseur, qu'il est connu des services judiciaires et qu'il y a un jugement, comme une ordonnance d'éloignement. Si la victime est en situation de danger, elle peut appuyer sur un bouton du téléphone, qui va prévenir un service des forces de l'ordre. Ce sont des dossiers que nous proposons au parquet après avoir évalué la situation, et le parquet décide si la victime peut bénéficier du dispositif. Actuellement, il y a un téléphone en service en Haute-Marne.
Pour connaître le nom et les coordonnées des associations de chaque département, il est possible d'appeler le 3919, un numéro gratuit et anonyme, ou de se rendre sur le site internet du gouvernement.