À quelques jours de l'ouverture du Salon international de l'agriculture de Paris, les éleveurs et les producteurs sélectionnés sont dans la dernière ligne droite des préparatifs. En Haute-Marne, ce rendez-vous parisien est très important car il reste, aux yeux du grand public, la plus grande vitrine de l'agriculture française.
À quelques jours du grand départ à Paris, Yannick Prat prend grand soin de son Orchidée. Avec sa robe froment et ses 700 kilos, cette vache de 4 ans sera présentée au grand Concours général de la race Simmental le 28 février à Paris. À quelques jours du grand départ, Orchidée profite des dernières attentions de son éleveur.
"Je l'ai séparée du reste des vaches laitières, je la mets dans les meilleures conditions possibles. Je l'emmène chaque jour marcher à la corde, je la lave, je la détends, je fais les dernières finitions de tonte, ce genre de choses... Tout ce qu'il faut pour qu'elle soit au top pour partir."
Si Yannick Prat a déjà présenté Orchidée et d'autres vaches de son exploitation à des concours, c'est la première fois qu'il emmène une de ses vaches au Salon de l'agriculture à Paris. Il connaît déjà l'événement pour y avoir été plusieurs fois en tant que technicien. Il aborde donc cette nouvelle expérience sereinement. "C'est une belle récompense pour la ferme d'avoir une vache sélectionnée pour Paris."
Être sélectionné pour Paris, c'est une vraie fierté pour la ferme, c'est un peu la petite cerise sur le gâteau pour tout le travail qu'on a accompli
Yannick Prat, éleveur bovin
Yannick prend ce concours comme les autres mais il sait que le Salon de Paris a un petit quelque chose en plus. "Pour le grand public, le Salon de Paris reste la plus grand vitrine de l'agriculture française. Tout le monde connaît le Concours général de Paris. D'autres concours sont aussi relevés, mais on en parle moins. Ce que j'aime à Paris, c'est que le cadre et l'ambiance qui sont vraiment très agréables... Y participer avec une de mes vaches dans le ring, ça me plaît vraiment."
"Notre seule semaine de vacances"
L'éleveur, installé au Val-d'Esnoms dans le sud de la Haute-Marne, pourra compter sur les conseils d'Annette Richard. L'ancienne éleveuse est désormais présidente du syndicat de la race Simmental en Haute-Marne et elle a derrière elle près de 40 années de participation au Salon de Paris. Elle a d'abord suivi son père éleveur avant de présenter elle-même ses animaux à partir des années 90. Un rendez-vous annuel qu'elle ne manque sous aucun prétexte.
"Comme on se le dit avec d'autres éleveurs, à une époque, c'était un peu notre seule semaine de vacances de l'année, se souvient Annette. Ça a toujours été un grand moment de partage, de convivialité entre les éleveurs. C'est un événement qui nous permet aussi d'aller à la rencontre du grand public. Ils voient des beaux animaux, ils nous posent des questions... Pour eux clairement, participer au Concours Général de Paris, c'est la plus grande consécration agricole. Et c'est pour ça que c'est important pour nous."
Le Salon de Paris est aussi un lieu de développement pour des petites productions, comme la race Simmental chez les bovins et des petits territoires comme la Haute-Marne. Grâce au Salon, les éleveurs de Simmental ont pu faire connaître les vertus de leurs animaux et convaincre de nouveaux éleveurs de rejoindre l'aventure. La race, dont le berceau français se trouve en Haute-Marne, compte aujourd'hui quelque 18.000 animaux en France.
"Sur tout ce cheptel français, seules 17 vaches seront présentées à Paris, détaille Annette. C'est dire si ce concours montre ce qui se fait de mieux dans notre élevage."
Défendre les couleurs de la Haute-Marne
Autre habitué de l'événement, Jean-Guillaume Decorse veut en profiter au maximum. Avec une trentaine d'autres producteurs haut-marnais, il sera installé derrière le stand du département dans le hall 3 du Parc des expositions de la Porte de Versailles.
Les producteurs de miel, d'escargot ou de charcuterie se relaieront pour tenir le stand, mais le gérant de la distillerie Decorse restera lui toute la durée du Salon. "J'ai préparé pas loin de 600 bouteilles d'eau-de-vie et liqueurs. Pour le Concours général, je vais présenter de la poire, de la mirabelle et j'ai également fait un essai avec du coing, pour voir."
Depuis plus de 20 ans, Jean-Guillaume a pu décorer ses bouteilles avec de nombreuses pastilles aux couleurs des médailles remportées au Concours général de Paris. "Je me souviens encore de ma première médaille d'or, c'était à la fin des années 90. J'ai encore la photo dans mon bureau. Mais même après tout ce temps, on rêve toujours d'une médaille, que ce soit l'or, l'argent ou le bronze, ça veut dire qu'on est toujours en haut du panier."
Cette année, Jean-Guillaume a créé, avec les autres producteurs présents au salon, une association pour promouvoir encore mieux leur terroir. "Le Salon, c'est clairement la vitrine de la Haute-Marne à Paris. C'est un honneur, c'est une chance d'être soutenu comme ça par le département et la chambre d'agriculture. On a réussi à mutualiser tous les producteurs pour qu'on avance ensemble. On a par exemple neuf marchands de miel qui vont venir à Paris mais tout le monde s'entend. On sera tous aux couleurs du département et notre objectif c'est d'être visible, que tout le monde identifie la Haute-Marne, ses producteurs et qu'on se souvienne de nous."
Entre attraction du public, promotion de son terroir et rêve de médaille, le Salon de Paris n'a pas fini de faire vibrer le cœur des éleveurs et producteurs, en Haute-Marne comme ailleurs. Une parenthèse loin du quotidien dans les exploitations, teintée de fierté pour tous ces agriculteurs, heureux de montrer à Paris ce qu'ils réussissent à faire de leurs mains.