Les travaux, démarrés mercredi dernier dans la commune d'Alsace Bossue, devraient durer jusqu'à fin septembre. Cinq éoliennes et dix mégawatt de production : l'investissement est estimé entre 10 et 15 millions euros. C'est le troisième parc éolien en Alsace.
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Michel Kluffer a toujours imaginé un projet pour la forêt de Herbitzheim. "Quand j'étais jeune, mes parents avaient des terrains sur ce site et il y a avait toujours du vent."
Alors en 2005, le maire de la commune (SE) lance de premières réflexions quant à un projet de parc éolien. Inspiré par les chantiers initiés en Lorraine, Michel Kluffer commande une première étude.
Douze années et de nombreuses étapes plus tard, le chantier est lancé. Les pales d'éoliennes, le nez et des tronçons de mât viennent d'arriver sur le site bas-rhinois. Pour une fin de travaux prévue fin septembre.
Couvrir les besoins en énergie de 6 000 habitants
En tout, cinq éoliennes produiront chacune 2 MW de puissance, soit la couverture des besoins en énergie de 6 000 habitants. Ces tronçons feront 95 mètres de haut. Les pales éoliennes captureront l'énergie du vent sur 110 mètres de diamètres. Le tout maintenu par des tonnes de béton déjà coulés dans le sol.
Avec ce parc éolien, la commune souhaite produire "une énergie propre". "Si une commune sur dix pouvait faire de même, nous aurions moins d'énergie fossile ou nucléaire, pour avoir une énergie autre pour la région."
Qui paye ?
C'est un projet d'envergure, forcément jalonné d'obstacles.
D'abord, car "l'Est de la France n'est pas idéal pour les éoliennes" selon Michel Kluffer. Mais les progrès des dix dernières années ont permis d'augmenter leur rentabilité et attirer les investisseurs. Le fabricant Vestas s'est d'ailleurs spécialisé dans les régions françaises les moins venteuses.
La commune ne paye rien
Coût total estimé : entre 10 et 15 millions d'euros, pour des installations dont la durée de vie s'élève à 40 ans. "La commune ne paye rien, elle a investi au début pour le Plan d'occupation des sols", explique le maire. La société Aalto power, actionnaire à 51% depuis 2015, et la caisse des dépôts sont propriétaires. Ce montage financier garantit "que les éoliennes ne soient pas cédées à n'importe qui d'autre qui n'entretiendrait pas le site".
Côté retombées économiques, la commune loue le terrain. La Communauté de communes du Pays de Sarre-Union et le département bénéficieront également de l'opération en percevant des taxes d'exploitation.
On ne peut pas directement arrêter le nucléaire, il faut y aller progressivement
Si d'autres projets ont suscité réticences et inquiétudes chez les associations écologistes et les habitants, ce dernier a fait l'unanimité.
"Il faut savoir ce que l'on veut, si on veut un peu d'écologie ou pas, si on veut continuer dans le nucléaire ou pas. Il faut savoir faire des efforts pour évoluer dans ce monde difficile", explique Aurore Niascon, une riveraine. "Je suis complétement pour les énergies renouvelables (...) on ne peut pas du jour au lendemain arrêter le nucléaire. Là, on le fait progressivement", complète Julien Kintzinguer, étudiant en aéronautique.
Et pour compenser la perte de 2 ha de forêt sur 700, Aalto power s'est engagé à constituer une haie vive de 2,2 km.
Les parcs éoliens en Alsace
Le site de Herbitzheim devient le troisième en Alsace.- Dehlingen : les cinq premières éoliennes ont été installées en 2013, situées sur le plateau entre Dehlingen et Oermingen. Un projet précurseur dans la région qui assure la consommation de 6 000 habitants.
- Saâles : dix éoliennes sont en cours d'installation sur la crête de Belfays. Le parc éolien sera mis en service en octobre et assurera l’équivalent de la consommation d'environ 27 000 habitants.