On l'a surnommé « le père des chars ». Le général Estienne est l’homme qui a doté la France de la plus imposante force blindée du monde en 1918. Ce militaire visionnaire a dû lutter contre le scepticisme de ses supérieurs pour imposer ses idées.
Né à Condé-en-Barrois, dans la Meuse, Jean-Baptiste Estienne fait preuve, dès son plus jeune âge, d’un intérêt pour les mathématiques. Elève brillant et intelligent, il intègre l’école polytechnique puis rejoint l’artillerie. Officier progressiste, il met au point des instruments de précision et milite pour une utilisation des nouvelles technologies de l’époque : le téléphone pour transmettre les corrections de tir aux batteries. Et l’aviation, perçue comme l’instrument d’observation idéal au service des artilleurs.
Les hécatombes de 1914 font naître une conviction profonde chez Estienne : « la victoire appartiendra au premier qui arrivera à monter un canon sur une voiture capable de se mouvoir sur tout terrain ». Court-circuitant sa hiérarchie, il parvient à convaincre Foch de mettre au point une « artillerie d’assaut ». Malgré les premiers échecs, le général persiste et prouve, avec le char mis au point par Renault, que cette nouvelle arme est désormais indispensable sur le champ de bataille. Le 2 août 1918, il est fait commandeur de la Légion d’Honneur.
Après-guerre, le général Estienne fait la promotion d'une utilisation civile des engins chenillés. Il est notamment à l'origine de la première traversée du Sahara en autochenilles. Ses idées sur le rôle du char dans la guerre moderne ne connaîtront pas le même succès en France. Elles seront en revanche reprises par l'Allemagne, et mises en œuvre en 1940.