Pendant 50 ans, Mme Fraya a prédit l'avenir pour le tout Paris. Lors de la Grande Guerre, ce sont des ministres qui ont fait appel à ses services. Une illustration de la nature apocalyptique d'un conflit qui a mené au retour de l'irrationnel et du surnaturel.
Dans le contexte très tendu qui précède 1914, les voyants comme Madame de Thèbes multiplient les prophéties. Les Français savent la guerre imminente. Ceux qui lisent dans les lignes de la main, les chiffres ou les verres d'eau collent à l'air du temps dans leurs « visions ». En septembre 1914, alors que les Allemands approchent de Paris, Alexandre Millerand, ministre de la guerre, convoque Mme Fraya en pleine nuit pour savoir si la ville tombera. Elle lui assure que les Allemands n'entreront pas dans Paris.
La guerre suscite peurs et espoirs. Un terreau fertile sur lequel va se développer toute une activité économique. Des revues spécialisées voient le jour. Les vendeurs de portes bonheurs arpentent les rues. En 1917, on recense à Paris, 34 000 « professionnels de l'occultisme ». Les familles envoient des amulettes ou des prières dans les effets des poilus. Sur le front, des soldats réalisent des bagues ornées de trèfles à quatre feuilles qu'ils vendent dans les cantonnements. D'autres récupèrent les balles qui ont frappé un blessé ou un mort persuadés que cela les protégera.
Mais ces talismans montrent leurs limites. Un million et demi de familles françaises sont confrontées au deuil. Beaucoup vont se tourner vers le spiritisme qui connaît son apogée avec la Grande Guerre. L'espoir de pouvoir communiquer avec l'esprit des défunts va permettre à certains de surmonter leur douleu.
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