Christophe Moussy, passionné d’électronique à Peigney, s’est lancé un défi : fabriquer un système de capteurs pour surveiller l’activité des abeilles à distance. Son invention équipe désormais plusieurs ruches à travers la France.
Depuis toujours, Christophe Moussy aime les inventions. Adolescent, déjà, il avait fabriqué un décodeur artisanal pour recevoir les fréquences des chaînes cryptées. Mais il y a 3 ans, il s’est lancé dans la création d’un système ambitieux : un capteur permettant de mesurer à distance ce qu’il se passe dans une ruche. « Tout est parti d’un défi lancé par un collègue, raconte Christophe Moussy. Ce n’était pas son activité principale, mais il possédait quelques ruches et cherchait un moyen de contrôler ce qu’il s’y passait. Il s’était renseigné et savait qu’il existait déjà des systèmes de surveillance dans le commerce. Alors il m’a dit : “Tu ne peux pas me fabriquer ça, toi ?” »
Christophe Moussy s’est alors mis au travail. Il a d’abord fallu se renseigner sur les systèmes déjà existants, puis sur l’univers de l’apiculture dont il ne connaissait presque rien. « Toutes mes recherches, c’était sur mon temps libre, précise-t-il. Je suis salarié d'une entreprise de plasturgie à Langres, où je travaille sur de l'usinage 4.0. Alors les ruches, c’était uniquement le soir ».
Mesurer le poids, la température et l’humidité
Après plus de 2 ans de travail, Christophe Moussy met au point un prototype fonctionnel. « C’est un système autonome qui fonctionne grâce à un petit panneau solaire. On installe la ruche sur un châssis, puis on place des capteurs à l’extérieur et à l’intérieur. On peut alors mesurer la température et le taux d’humidité, ainsi que le poids de la ruche. Le poids, c’est une donnée très importante : une variation brutale signifie souvent qu’il y a un problème ».
Toutes ces données sont ensuite transmises par ondes radio à un système informatique. L’apiculteur qui possède la ruche peut ensuite les consulter en temps réel sur son ordinateur ou son smartphone. « Pour la partie informatique, j’ai fait appel à mon cousin et à son fils, qui sont programmeurs, confie Christophe Moussy. Ils ont développé une interface intuitive, accessible grâce à un identifiant et un mot de passe. L’apiculteur a accès à toutes les données sous forme de courbes, sur la journée ou sur la semaine, et peut choisir de visualiser seulement les chiffres qui l’intéresse. Et si jamais il se passe quelque chose d’anormal dans la ruche, il reçoit directement une alerte ».
Pas de boitier 4G qui perturbe les abeilles
Installer un boîtier électronique au sein d’une ruche n’est pas anodin. Les abeilles utilisent les ondes pour communiquer entre elles et s’orienter. Il fallait donc choisir le bon matériel. « J’ai opté pour une technologie beaucoup moins violente que la 4G, explique Christophe Moussy. En émettant leur signal, certains boîtiers dispersent des fréquences qui perturbent les abeilles. La technologie que j’utilise se met en veille et s’active une fois toutes les heures. C’est beaucoup moins violent, et moins énergivore aussi ».
Un tel système demande des matériaux très précis et difficiles à trouver dans le commerce. Christophe Moussy a donc fait appel à des entreprises locales. « Le châssis en aluminium a été fabriqué sur mesure par l’entreprise Aluc à Langres. Puis AB3D, auto-entrepreneurs langrois eux-aussi, nous ont fourni des supports et des petites pièces en impression 3D ».
L’objectif n’est pas du tout d’en vivre ou d’en faire notre activité principale.
Désormais, le système inventé par Christophe Moussy équipe 5 ruches, en Haute-Marne, mais également dans la région lyonnaise. « Pour pouvoir le commercialiser, il a fallu créer une auto-entreprise, explique l’inventeur haut-marnais. Avec l'aide de mon épouse Sabrina, j'ai donc monté C2M Electronics. Pour l’instant, c’est vraiment une activité annexe. Nous n'avons même pas de site internet ! L’objectif n’est pas du tout d’en vivre ou d’en faire notre activité principale ».
De nouvelles technologies en développement
Christophe Moussy ne s’arrête pas là. Il souhaite encore développer son système en ajoutant de nouvelles options. La première, c’est le comptage des abeilles : « Avec des petits capteurs placés dans des tunnels d’entrée et de sortie, on peut savoir combien d’insectes sont à l’intérieur de la ruche ».
L’inventeur haut-marnais travaille aussi sur une autre innovation : le décryptage des ondes émises par les abeilles. « Dans une ruche, la communication entre insectes se fait par des vibrations. En mesurant les fréquences de ces vibrations, on peut déterminer si la ruche va bien ou s’il y a un problème. Plusieurs apiculteurs sont déjà intéressés par l’idée, mais c’est une technologie complexe qui va me demander encore pas mal de travail ».