Depuis l'annonce, l'automne dernier, d'une éventuelle fermeture du service d'obstétrique de Thann, les habitants des vallées de la Thur et de la Doller sont inquiets. Avant la décision définitive de l'Agence régionale de santé, élus, jeunes mamans et personnel soignant témoignent.
Première cause d'inquiétude : la longueur du trajet. Pour aller accoucher à Mulhouse, les habitantes des fonds de vallée auraient près d'une heure de route. Et les autres aussi, aux heures, très fréquentes, de bouchons. "Avec mes contractions, je n'en pouvais plus d'être assise" se souvient Laetitia. Une heure jusqu'à Mulhouse, jamais de la vie. Non ! Mais ça, il n'y a que les femmes qui ont accouché qui peuvent le comprendre." Jeanne Stoltz-Nawrot, maire de Husseren, craint aussi la conduite à risque de futurs pères fébriles. Et des membres de l'équipe soignante prévoient une multiplication des accouchements dans les voitures ou les ambulances, avec tous les risques qui en découlent.Plus d'une heure pour aller jusqu'à Mulhouse
Thann : un service à taille humaine
Avec près de 380 naissances l'an dernier, la maternité de Thann est, selon son personnel soignant, un service économiquement viable, mais à taille humaine. Et c'est cela même qui fait sa force et sa singularité. "On a des mamans qui viennent de loin, de Belfort, de St-Louis, de Mulhouse, car elles ont envie de quelque chose de naturel, d'une prise en charge, d'un accompagnement", explique Yael Careme, sage-femme. "On a beaucoup de chance de pouvoir chouchouter nos patientes, renchérit Caroline Schweitzer, auxiliaire de puériculture. Si on ferme, je pense qu'ailleurs, on perdra cette qualité de soins." Et les jeunes mamans font écho : "On est écoutées, entendues, c'est important", dit Fanny Trens, de Moosch. "On ne passe pas pour un numéro. Elles ont le temps pour chaque personne, et si c'est à refaire, je retourne là-bas à coup sûr", ajoute Laetitia Exel de Ranspach.Dès l'automne, les opposants à ce projet de fermeture ont manifesté à deux reprises. Une pétition circule sur le Net, et plusieurs villages et communautés de communes ont créé une association, afin de tout mettre en œuvre pour la survie de ces vallées toujours moins attractives pour les jeunes, si les services de proximité disparaissent.