Mélinda a créé l'Arche de Cerise pour venir en aide aux renards malades ou handicapés. Elle prend soin d'eux pour leur éviter l'euthanasie. Elle a déjà reçu plusieurs menaces de mort pour ce qu'elle fait. Mais grâce au soutien d'autres personnes, elle arrive à subvenir aux besoins des renards.
Tous les jours, Mélinda s'occupe de six renards qui ne sont plus en capacité de vivre seuls, dans son refuge l'Arche de cerise dans le Haut-Rhin. En 2016, elle a été confrontée à une difficulté qui l'a poussée à créer ce lieu d'accueil. "Je travaillais comme bénévole dans un centre de soin, je m'occupais des cervidés et des oiseaux. Il y avait aussi deux renards. Suite à une visite de l'Office français de la biodiversité, on m'a dit que je ne pouvais pas relâcher les renards dans la nature et qu'il fallait les tuer", raconte Mélinda.
Elle a donc décidé en 2017 d'obtenir le certificat d'élevage de renard. "Pour y arriver j'ai dû justifier d'un diplôme dans le domaine animalier, ce n'était pas facile de remplir les critères." Mais le fait d'avoir 12 ans d'expérience comme bénévole dans des centres de soins pour la faune sauvage lui a permis d'obtenir l'habilitation pour ouvrir un refuge.
Lulu, Rouquette, Chipie, Ragnar, Cerise et Rosalie sont tous issus de centres de soins. Leur point commun est d'avoir une maladie ou un handicap qui rend impossible leur retour à la vie sauvage. "Il y en a un qui est malvoyant, un autre qui a le crâne fracturé donc il a besoin qu'on le nourrisse à la cuillère."
Des donateurs généreux
Le refuge n'est pas ouvert au public, "afin de protéger les animaux", précise Mélinda. Mais il reçoit beaucoup de soutien de l'extérieur. "Je reçois des messages de personnes qui me disent que c'est super ce que je fais. Il y a aussi beaucoup de gens qui nous aident. Aujourd'hui je gère le refuge uniquement grâce aux dons."
Mais cette activité n'est pas perçue positivement par tous. Mélinda affirme avoir fait l'objet plusieurs fois sur les réseaux sociaux, par téléphone et par SMS, de menaces de morts. "On m'appelait la nuit pour me dire "je vais te tuer". J'ai gardé toutes les preuves mais je n'ai pas porté plainte", précise la gérante du refuge. Encore une fois, elle a été soutenue, et désormais elle ne reçoit plus de menaces. "Il y a une entreprise de Strasbourg qui m'a installé des caméras de vidéosurveillance partout autour du refuge gratuitement. Depuis, je suis tranquille."
Espèce non nuisible dans le Haut-Rhin
Le renard n'est plus considéré comme espèce nuisible dans le Haut-Rhin depuis 2019 : on peut même le croiser relativement tranquillement. Il reste tout de même gibier, il est donc chassable. "Je pose un problème en France parce qu'ils ne comprennent pas qu'on veuille sauver des renards, ils considèrent que c'est une espère nuisible." Malgré les menaces, Mélinda précise sur Facebook "j'ai des chasseurs qui soutiennent notre association, le gérant de la chasse du coin n'y voit aucun problème."
Du côté de la fédération des chasseurs du Haut-Rhin, son président Gilles Kaszuk, qui découvre l'existence du refuge, affirme ne pas comprendre "les menaces envers cette dame dont il salue l'action."
Il explique n'être "ni pour ni contre ce genre de refuges. Personnellement j'estime qu'il n'y a pas beaucoup de renards donc lorsque je chasse et que j'en vois un, je ne lui tire pas dessus. Après, chaque chasseur fait comme il veut. Il est nécessaire de tirer certains renards parce que les lièvres et les chevreuils en souffrent beaucoup."
La gérante, qui possède un salon de toilettage en plus du refuge, voudrait accueillir plus d'animaux mais elle a atteint sa capacité maximale. Impossible pour le moment d'obtenir une autorisation d'accueillir d'autres types d'animaux dans un refuge agrandi. "J'ai fait une demande pour avoir le certificat d'accueil des cervidés il y a plusieurs années mais on ne m'a jamais répondu", regrette l'amoureuse des animaux.
En attendant de pouvoir accueillir d'autres animaux dans son refuge, Mélinda et son équipe ont créé une marque de vêtement pour subvenir aux besoins des six renards.