"J'ai 300 heures sup au compteur, alors la prime de 300 euros...": les policiers alsaciens au bord de la crise de nerf

Gilets jaune, sécurité renforcée suite à l'attentat, sans oublier la traque du terroriste. Les policiers de la région sont tout spécialement mobilisés depuis le mois de novembre. Et au bord de la rupture. Aujourd'hui ils protestent en organisant une journée "morte" dans les commissariats.

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Pour les calmer, et en remerciement pour leurs services, le gouvernement leur promet une prime de 300 euros. "300 euros brut! C'est ignoble! C'est ridicule par rapport à notre investissement personnel," s'insurge Billel Debbiche, délégué de service au syndicat Alliance police nationale. "Personnellement j'ai 300 heures supplémentaires au compteur!" 300 euros versus 300 heures, le calcul est vite fait. Outre cette prime exceptionnelle de 300 euros, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a promis d'ouvrir le "chantier" des heures supplémentaires des agents de police. Un chantier évalué par le ministère à 275 millions d'euros.


Ras-le-bol général

Sans pour autant parvenir à désamorcer le mouvement de grogne au sein des forces de l'ordre. Billel Debbiche est affecté à la brigade de roulement de Mulhouse, au service police secours. En ce mercredi, à l'appel de son syndicat, lui et ses collègues ne sortiront qu'en cas d'urgence absolue. La sécurité antiterroriste est elle aussi maintenue, notamment sur les marchés de Noël de la région. Mais une choses est sûre: les policiers sont à bout. "C'est un ras-le bol général!"

Mouvement social des Gilets jaunes, après l'appel du 17 novembre sur les réseaux sociaux, attentat terroriste à Strasbourg, suivi d'une traque de 48 heures et d'un plan vigipirate renforcé, sans compter les visites présidentielles et ministérielles: "Depuis le 17 novembre, certains collègues des sections départementales d'intervention du commissariat de Mulhouse n'ont eu que trois jours de repos!" Une mobilisation sept jours sur sept, ou presque. Le tout sur fond d'un considérable manque de moyens.
 

Obligés d'acheter leurs propres gilets tactiques

Fatigue, usure, manque de moyens humains et matériels... "Ce n'est plus possible de travailler comme ça. Certains collègues sont obligés d'acheter des chaussures ou des jambières appropriées pour leurs interventions, voire même leurs propres gilets porte-plaques!" 150 euros la paire de chaussure, la même chose pour un gilet tactique: la prime est déjà dépensée avant d'être versée. La liste des doléances syndicales est longue: les casques datent de 1990 et auraient besoin d'un lifting, les locaux sont bien souvent vétustes eux aussi, les équipements d'intervention, quand ils sont fournis, sont de qualité insuffisante. "Les moyens ne sont plus en adéquation avec la délinquance, qui a évolué, elle", constate Billel Debbiche.

Autre combat des syndicats: la revalorisation des heures de nuit, payées 97 centimes seulement. A rebours de ces constats, l'Assemblée nationale s'apprête à voter un budget en baisse de 62 millions pour la police. En 2016, les syndicats ont obtenu un protocole d'augmentation du point d'indice, indexé sur l'inflation. Il n'empêche. Un policier de base touche aujourd'hui environ 1.600 euros par mois. "Je ne veux pas entrer dans le même discours que les gilets jaunes, mais c'est vrai qu'aujourd'hui tout augmente, le coût de la vie augmente..." Vers une convergence des luttes?
 
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