La banque alimentaire 68 : s'agrandir pour mieux nourrir

Depuis un an, les locaux de la Banque alimentaire 68 ont doublé de surface. Forte de plus de 150 bénévoles pour six salariés, l'association a dû se développer pour mieux poursuivre sa mission. A l'occasion de la campagne électorale, elle appelle les futurs élus à davantage de solidarité.

"Normalement, on ne devrait plus être là, avoue le président de la Banque alimentaire du Haut-Rhin, Fernand Clauss. Dans le meilleur des mondes possibles, il n'y aurait plus de personnes pauvres, ou affamées. Mais malheureusement, on constate exactement le contraire." Donc, pour accomplir sa mission, récupérer les produits invendus dans les magasins afin de les redistribuer par le biais d'associations caritatives, l'association a dû se réorganiser, sur le modèle d'une véritable entreprise.
 

Depuis quelques mois, grâce au soutien de la ville de Mulhouse, l'association a pu acquérir la seconde moitié du bâtiment qu'elle occupait déjà en partie, allée Gluck. Désormais, elle dispose de deux parkings (un à chaque extrémité de la bâtisse), ce qui permet de totalement séparer les arrivées et le stockage du "frais" (fruits et légumes, laitages, etc.) de ceux du "sec" (produits à longue conservation). "C'était vraiment nécessaire, précise Fernand Clauss, pour bien gérer les 2.600 tonnes de matériel que nous livrons chaque année."


Les aliments frais arrivent d'un côté du bâtiment


Du côté du "frais", les sept camions frigorifiques de la Banque vont et viennent. Ils cherchent et amènent leurs lots de produits récoltés quotidiennement dans les grandes surfaces du département : yaourts, fromages, fruits, légumes, pain… Dès le déchargement, tout est immédiatement noté dans l'ordinateur : "Chaque pot de crème, chaque fromage, chaque yaourt doit être répertorié, en lien avec son magasin de provenance", explique Blanche Ull, l'une des bénévoles. Ceci afin de pouvoir transmettre par la suite des reçus fiscaux aux magasins donateurs.
 

Œufs, charcuterie et laitages sont stockés dans les réfrigérateurs, fruits, légumes et produits de boulangerie sont triés et conservés dans des locaux à 12°. Les produits surgelés (principalement des steaks et des pilons de poulet en provenance de France et d'Europe) sont placés dans quatre gros congélateurs.

Dès la fin de la matinée, à partir de la liste des entrées du jour, l'ordinateur propose une répartition des produits entre les associations bénéficiaires – au prorata du nombre de personnes et de familles dont chaque association s'occupe. Puis les bénévoles préparent les "colis" en conséquence.


Les aliments d'épicerie "secs" arrivent de l'autre côté


A l'autre bout du bâtiment, le lieu de déchargement est réservé aux quatre camions qui cherchent et amènent le "sec". Là aussi, les tournées sont quotidiennes. "Pour résumer : si nous on ne va pas chercher ces produits, ils atterrissent dans la poubelle", explique Pierre Frantz, chauffeur convoyeur bénévole.  

Il s'agit souvent de produits invendables (céréales, café, pâtes…) pour cause d'emballages endommagés. D'où l'intervention immédiate des équipes de tri. "Il faut vérifier chaque produit, précise Rose-Marie Wieser, une autre bénévole. Si le carton extérieur est abîmé ou déchiré, on le recolle. S'il est sale, on le lave." En revanche, dès que l'emballage intérieur est endommagé, le tout est jeté : "Quand vous allez dans un magasin, rappelle Rose-Marie Wieser, vous n'achetez rien de sale ou d'ouvert. Pour nos bénéficiaires, c'est pareil." Tous les produits sont triés par catégories et stockés. Puis, là aussi, selon les listes concoctées par l'ordinateur, les bénévoles préparent immédiatement les commandes du jour.
 
 


2.600 tonnes de denrées gérées en 2019


Ces dernières années, en prospectant auprès des grands magasins du département, la Banque alimentaire a réussi à obtenir une tonne de produits supplémentaires. Cétait nécessaire, car la collecte annuelle de fin novembre (209 tonnes de denrées récoltées dans le Haut-Rhin en 2019) constitue moins de 10% des besoins annuels.  

"La Banque alimentaire du Haut-Rhin est parmi les dix premières Banques en France pour la qualité de son organisation, et le tonnage de denrées recueillies"
- Fernand Clauss


La Banque alimentaire du Haut-Rhin fonctionne grâce à l'engagement très actif de plus de 150 bénévoles - ils sont de 30 à 35 chaque jour. Pour faire parvenir les denrées aux personnes dans le besoin, la Banque ne fait pas de distribution directe, mais passe par des intermédiaires : une centaine d'associations, de CCAS (centres communaux d'action sociale) et d'épiceries solidaires, qui assurent la répartition auprès des bénéficiaires, familles comme personnes isolées. Par année, l'action de la Banque alimentaire permet ainsi de fournir plus de cinq millions de repas dans le Haut-Rhin.
 


Selon un planning hebdomadaire préétabli, la plupart de ces associations viennent directement retirer leur commande de produits frais et secs à la Banque. Une trentaine d'entre elles préfère se faire livrer, en échange d'une petite participation financière, qui permet à la Banque de financer quelques pleins supplémentaires pour ses camions.

En effet, les onze camions de la Banque (dont sept frigorifiques) qui sillonnent cinq jours par semaine les routes du département coûtent cher, mais restent un outil indispensable. Et malgré les aides de l'Etat, du département et de certaines communes, les finances de la Banque alimentaire sont toujours fragiles.

"D'autres communes pourraient nous aider davantage, et ne pas simplement dire : Nous n'avons pas de pauvres dans notre village, donc nous ne sommes pas concernés."
- Fernand Clauss


Cette période de campagne électorale est donc aussi l'occasion de lancer un appel aux futurs maires et conseillers municipaux : "120 communes sur les 377 du département nous soutiennent, mais ça ne suffit pas, explique Fernand Clauss. Il faudrait vraiment que d'autres mettent la main au porte-monnaie." En effet, l'action de la Banque alimentaire bénéficie à tout le département, car, son président en fait le constat, la précarité s'étend : "Il y a beaucoup de gens qui avaient de l'argent, et ont tout perdu. On ne peut jamais dire qu'on ne sera pas touché." Mais Fernand Clauss a aussi un message pour les municipalité qui soutiennent l'association, souvent depuis longtemps : "A ceux qui donnent déjà, et donnent beaucoup, un grand merci. Et continuez comme ça !"
 
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité