C’est la fin des vacances, mais l’arrivée tardive d’une carte postale pourrait vous ramener sur une plage… Quand recevoir ces quelques mots ensoleillés restent un petit bonheur pour certains, en envoyer devient une pratique d’antan pour d’autres.

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Sur l’étagère, René Pierre tire une vieille valise marron. Une boîte à souvenirs qu’il installe précautionneusement sur ses genoux. A l’intérieur, des trésors bien gardés : une centaine de cartes postales. "C’est le résumé d’une vie. Des clins d’œil d’amis, de connaissances, d’anciens élèves." René plonge ses mains dans la valise où défilent différents paysages et en saisit un au hasard. Au dos quelques mots qu’il relit avec un regard nostalgique. "C’est un moyen pour s’évader et voyager par procuration", poursuit-il.


Chaque jour, René a la même pensée lorsqu’il aperçoit la factrice. "J’espère qu’elle m’amène une carte postale !" Cette année encore, cet historien et géographe en a reçu une vingtaine. Une d’Ardèche, une autre de Roumanie envoyées par d’anciens élèves ces dernières semaines. C’est bien, mais trop peu pour cet adepte des petits mots écrits au dos d’une jolie photo. "Il y a quelques décennies, j’en recevais jusqu’à cinquante, juste l’été !" Une perte d’intérêt pour la carte postale que regrette cet Ardennais, sans désespérer. "Même si elle a perdu du terrain, rien n’est perdu", termine-t-il.

 

Une tradition estivale

Rien n’est perdu non car, pour beaucoup, la carte postale reste la tradition des vacances. A Reims, l’office du tourisme en vend une vingtaine par jour. Un chiffre plutôt constant, selon les employés. "Dès que les gens passent en boutique, ils repartent avec une ou plusieurs cartes achetées. Souvent celles qui mettent le plus en valeur le territoire", explique Elisa Bremont qui travaille sur les lieux. Même constat dans les Ardennes. "J’en vends quasiment tous les jours, c’est notre produit phare", appuie Charlotte Sennepin, conseillère en séjour à l’office de tourisme. Parmi ses clients fidèles, les plus âgés ou, au contraire, les tout petits pour envoyer aux grands-parents. Au total, environ 74 millions de cartes postales touristiques seraient toujours envoyées chaque année, d'après l'Union professionnelle de la carte postale (UPCP). 80 % des ventes ont lieu pendant l'été. 

Un vieux souvenir pour les plus jeunes

A côté d’elle, Margaux tourne le tourniquet de cartes postales. Elle en a déjà deux ou trois dans la main mais ce n’est pas toujours pour les envoyer. "Souvent, j’en achète pour les mettre dans ma boîte de voyage, pour garder un souvenir des lieux où j’ai été sans payer très cher." Cette jeune adulte en envoie toujours, mais moins que lorsqu’elle était enfant. "C’était surtout à destination de mes grands-parents. Je savais qu’ils étaient ravis lorsqu’ils en recevaient… Et ça fait toujours plaisir de faire plaisir", sourit-elle. Mais Margaux est une exception. Car raconter ses vacances à l’écrit reste un temps que les moins de vingt ans ne semblent pas connaître.

Romane n’a pas le souvenir d’en avoir envoyé plus jeune. C’était ses parents qui s’occupaient d’écrire à ses grands-parents. Laurine et Carla, elles, en envoyaient durant leurs vacances. A leur famille, à leurs amis de classe. Mais aujourd’hui, elles passent par d’autres canaux, plus instantanés…"On passe plutôt par les réseaux sociaux. On envoie des selfies ou des photos." Depuis les années 2000, avec le développement du numérique, plus instantané et gratuit, la carte postale n’est plus privilégiée par les milléniales. "C’est plus simple, plus direct qu’une carte postale", conclue la première. Mais impossible de les coller sur le frigo ou de relire la plume aguerrie de ses enfants, quinze ans plus tard...

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