Depuis l'an 2000, le Conseil départemental du Haut-Rhin organise chaque année le concours des arbres de la Sainte-Catherine. Les gagnants reçoivent notamment des fruitiers haute-tige, des sortes d'arbres que l'on retrouve de moins en moins dans les paysages alsaciens.
François-Xavier Meyer, habitant de Spechbach (Haut-Rhin), est un habitué du concours des arbres de la Sainte-Catherine. En 2008, François-Xavier Meyer a reçu son premier arbre : un pommier Boskoop. Depuis, il a gagné huit arbres, qui viennent compléter son verger bien fourni. Au total, il compte une trentaine d'arbres. Et il ne veut pas s'arrêter là. "J'ai actuellement trois rangées d'arbres. J'aimerais en faire une quatrième", explique le retraité.
Mirabelles, quetsches, pommes, cerises... Le verger de François-Xavier Meyer est riche et divers. Mais pour s'occuper de tous ces arbres, nul besoin d'y passer des heures. "Je laisse tout au naturel. Si j'ai un verger, ce n'est pas pour le traiter, sinon, cela ne rimerait à rien !" estime le propriétaire. Ce qui le motive, c'est de retrouver son jardin comme il l'a connu étant enfant, au temps de son grand-père. "Le verger comptait d'innombrables arbres, certains étaient tellement hauts qu'on ne pouvait même pas récolter les fruits !" raconte-t-il, l'air amusé.
Le Conseil départemental du Haut-Rhin a lancé le concours des arbres de la Sainte-Catherine en 2000, juste après le passage de la tempête Lothar. "Beaucoup d'arbres ont été déracinés à ce moment-là, et ceux qui ont été le moins remplacés sont les arbres haute-tige", explique Georges Walter, directeur de l'environnement au Conseil départemental. Alors pour encourager les particuliers à planter, le département a décidé d'organiser le concours chaque année. Depuis le début, 46.905 fruitiers haute-tige et 12.500 arbustes ont été distribués dans tout le Haut-Rhin.
A la tempête s'ajoute aussi la construction, de lotissements notamment. "Avant, quand on arrivait près d'un village, la première chose que l'on voyait, c'était ce qu'on appelle la ceinture verte, c'est-à-dire tous les arbres qui entouraient la commune. Aujourd'hui, on voit des bâtiments", déplore Georges Walter. Le département souhaite développer à nouveau la plantation d'arbres au sein des villages, mais il tient aussi à ce que les particuliers s'approprient cette plantation. "Le but est de montrer aux gens qu'on peut faire de très belles choses avec un arbre chez soi, et que ça leur donne envie de continuer de planter, de leur propre initiative", explique Georges Walter.
Le choix des arbres fruitiers haute-tige n'est pas dû au hasard. Si on retrouve de moins en moins cette sorte d'arbres dans les paysages alsaciens, sa présence est pourtant nécessaire et apporte beaucoup. "Les oiseaux, par exemple, préfèrent se poser et venir picorer dans les haute-tige que sur de tout petits arbres. Dans ces arbres, on retrouve aussi toutes sortes d'insectes. Les haute-tige favorisent la biodiversité", explique Pierre Bader, président de la fédération des arboriculteurs du Haut-Rhin.
En plantant un arbre haute-tige, il faut faire preuve de patience : les dix premières années, l'arbre grandit. C'est seulement après qu'il donne ses premiers fruits. Néanmoins, les arbres sont bien plus résistants que certaines nouvelles sortes d'arbres. "Un arbre haute-tige peut vivre jusqu'à 100 ans s'il est bien entretenu. Il apporte aussi 10 fois plus de fruits qu'un basse-tige. Les nouvelles sortes vivent à peu près 20 ans, après, il faut les déraciner et les remplacer", explique Pierre Bader. Planter un fruitier haute-tige, on le fait pour soi mais aussi pour ses descendants. C'est la raison pour laquelle le Conseil départemental du Haut-Rhin entend bien poursuivre le concours, ces prochaines années.