Avec les fortes pluies de la semaine dernière, le lac du Der a presque atteint son niveau maximal. Une situation inédite en plein été.
Des pontons surélevés, des plages submergées... Le lac du Der n'a jamais été aussi rempli en plein mois de juillet. Ce mardi 20 juillet, à 15 heures, il n'était qu'à 5 centimètres de sa cote maximale, fixée à 140 mètres. Une situation inédite en cette saison où le lac-réservoir se déleste d'habitude de son eau pour renforcer le débit des rivières et les préserver ainsi de la sécheresse.
D'une superficie de 4.800 hectares, le plus grand lac artificiel d'Europe peut stocker jusqu'à 350 millions de m3 d'eau. Et même un peu plus en cas de très forte crue, comme c'est le cas depuis la semaine dernière. "On a demandé à ouvrir la tranche exceptionnelle, qui nous permet de stocker jusqu'à 364 millions de m3. Cela n'était encore jamais arrivé à cette époque de l'année depuis la création de l'ouvrage, explique Jérôme Brayer, le responsable d'exploitation du site. Créé en 1974, le lac du Der fait partie de quatres grands lacs réservoirs gérés par l’Établissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs.
A l'entrée, les ouvrages hydrauliques ont prélevé davantage d'eau en Marne et en Blaise tandis qu'à la sortie, les vannes ont été fermées pendant quelques jours avant d'être rouvertes progressivement. Le lac-réservoir limite ainsi les inondations dans les départements de la Haute-Marne, de la Marne, ainsi que dans les vallées de la Marne et de la Seine, jusqu'à l'agglomération parisienne.
"Un savant jeu d'équilibre"
Depuis quelques jours, le lac-réservoir arrive à quasi saturation. Le gestionnaire du site adapte sa stratégie au jour le jour, selon les décisions prises dans les préfectures de la Marne et de la Haute-Marne. "Il faut avoir un équilibre très ajusté entre ce que l’on peut retenir au dérivé par rapport au lac et ce que l’on peut restituer sans en faire plus que ce que la nature aurait envoyé en aval, observe Pierre N'Gahane, préfet de la Marne. C’est un savant jeu d’équilibre qui se fait en respectant aussi la sécurité de l’ouvrage. S'il cédait, ce serait plus embêtant que les 100m3 par seconde qui passent dans la Marne. »
Il s’agit d’une situation exceptionnelle. Nous n’avons pas connu cela sur le Der depuis mai 2013.
Phase d'attente
Ce mardi après-midi, il y avait autant d'eau qui rentrait dans le lac-réservoir que d'eau qui en ressortait, à une vitesse de 25m3 par seconde. "Là on est en phase d'attente, la Marne et la Blaise sont en décrue, mais il va falloir qu'on déstocke le réservoir pour retourner sur une cote normale d’exploitation, précise Jérôme Brayer. On a besoin de conserver une marge de sécurité en cas de retour de la pluie."
Des épisodes de pluie pourraient intervenir dès la semaine prochaine, selon Météo France, mais leur intensité devrait être plus faible qu'à la mi-juillet.