Etaient-elles préparées à faire face à la crise sanitaire ? Bien sûr que non, qui l'a été ? Comme tous les soignants, les infirmières libérales rencontrées ont dû improviser et s'organiser pour continuer à assurer leurs missions qui ont dépassé le seul rôle des soigner les plaies physiques.
Cela fait quelques années qu'elles travaillent ensemble. Onze infirmières qui soignent, au quotidien, plus de 80 patients habitants l'Alsace Bossue. Et si l'entente au sein du cabinet était déjà bonne, la crise sanitaire a fortement resséré les liens. Elles ont pû compter les unes sur les autres ce qui leur a permis de tenir.
Quand le virus est arrivé personne n'y était préparé. Elles non plus. Il a donc fallu s'organiser, laisser de côté les protocoles habituels pour tenter de faire au mieux. Continuer leur travail, une passion pour ces femmes, tout en préservant leur santé et celle de leurs patients. "J'avais peur pour mes patients, pour moi et ma famille parce qu'il fallait partir travailler, chaque matin, avec les équipements dont nous disposions" confie Virginie Scheidecker qui s'est très vite transformée en cosmonaute pour aller chez les gens.Peur ? Oui j'ai eu peur !
Charlottes, sublouses, masques, surchaussures... Elles se changaient et rechangeaient entre chaque patient grâce au matériel donné par de nombreux citoyens et entreprises : "nous fonctionnions grâce au matériel que nous avons reçu. On nous a donné beaucoup de gel hydroalcoolique. Une école nous a envoyé des surblouses. Des garagistes nous ont donné du matériel" raconte Christine Schmitt, infirmière et responsable du cabinet. Toutes restaient, aussi, très vigilentes chez elles avec l'installation de sas de décontamination et des règles de distanciations strictes entre les membres de la famille. Après quelques temps, elles ont pu compter sur la dotation de l'Etat qui s'arrête en ce mois de juin. Elles devront donc à nouveau piocher dans leurs réserves pour se protéger.
Durant la crise certains malades ne voulaient plus que les infirmières passent "alors nous y sommes tout de même allées en restant devant la porte, juste pour demander si tout allait bien ou nous les appelions" explique Nathalie Hauth "et puis nous leur proposions, par exemple, d'aller à la pharmacie à leur place".Certains de nos patients ont perdu pied
Pour beaucoup de patients, ces infimières sont restées le seul contact durant plus de deux mois. Elles étaient là pour faire leur travail mais aussi, et peut-être plus que jamais, soigner les bleus à l'âme : "c'était difficile, j'étais seule. Seule l'infirmière venait" dit péniblement cette patiente qui reçoit la visite du cabinet tous les jours.
Une période terrible pendant laquelle, ces infirmières n'ont pas, officiellement, eu de cas de Covid-19 dans leur patientelle. Peut-être une personne mais elle n'a pas été testée. Une période qu'elles n'espèrent ne pas revivre et qui laissera, c'est certain, des séquelles.