Depuis plusieurs années, les barbiers ne cessent de se multiplier, alors même que le métier avait quasiment disparu. Un phénomène visible en ville mais aussi à la campagne. Certains clients viennent chaque semaine faire tailler et soigner leur barbe chez des professionnels.
Un barber shop dans un village ? Cela existe, et devient même une tendance ! A Preuschdorf, même pas 1.000 habitants, Ludovic Fischbach accueille ses clients masculins dans l'espace qui leur est dédié dans son salon Coiff Evasion. "Avant, hommes et femmes étaient mélangés. Sur demande de mes clients, j'ai aménagé une pièce pour en faire un véritable barber shop", explique-t-il. Ici, les hommes viennent soigner, tailler leur barbe en plus de leurs cheveux.
Voilà un an que Ludovic Fischbach a lancé son barber shop et depuis, il ne cesse d'augmenter sa clientèle : "En l'espace de 6 mois, j'ai doublé le nombre de soins en passant de 20 à 40 barbes chaque mois". Pour faire faire face à cette demande, il a même embauché deux coiffeuses. Il a formé tout son personnel à la barbe. "J'aime beaucoup prendre soin des hommes qui viennent. Ils repartent plus beaux et se sentent mieux dans leur peau !" déclare Katia Dapp, coiffeuse-barbière.
Et les clients confirment : "c'est la première fois que je viens ici. C'est un réel plaisir de prendre soin de soi", estime Cyril Pfifferling. Si de plus en plus d'hommes franchissent la porte du barbier, c'est signe que la barbe fait son grand retour. Cette mode a repris il y a une petite dizaine d'années, en Angleterre, avec les hipsters. Depuis, "7 hommes sur 10 portent la barbe. Même si elle n'est pas fournie, certains portent la barbe de 3 jours, ou bien un collier, une petite moustache, une barbichette..." affirme Sébastien Logel, coiffeur-barbier à Bischwiller.
Les clients des barber shops sont effectivement quelques-uns à s'être laissés pousser la barbe depuis quelques années seulement. "Je la porte depuis 2015 car j'avais envie de changement", explique Thierry Klein. "Et aussi pour paraître plus jeune !" lance Ludovic Fischbach à son client, dans un éclat de rire. "En effet, elle cache les imperfections et les signes de l'âge, c'est vrai !" rétorque Thierry Klein dans un même rire. Comme lui, la plupart des hommes viennent toutes les trois ou quatre semaines chez le barbier.
La mode de la barbe se ressent chez tous les professionnels. Sébastien Logel l'a bien compris, il y a quelques années. Il a lancé une formation spécifique pour la barbe. "Avec mon collègue André Hissler, nous avons fait le tour de la France pour délivrer ces formations. Il n'existait rien de tel jusqu'alors : chacun s'occupait des barbes comme il le pensait !" raconte-t-il. D'autant plus qu'il faut s'adapter à chaque client. "Chaque structure de poil est différente. Cela diffère aussi selon l'origine. Un Espagnol, Italien, Turc va tendance à avoir une barbe bien fournie contrairement à beaucoup de Français", poursuit-il.
Dans son barber shop aussi, les clients sont de plus en plus nombreux. Certains ne se voient même plus sans barbe. "C'est mon maquillage. Elle change le visage d'un homme. Ma barbe, c'est ma vie !" conclut Ertugrul Kucan.