De plus en plus de communes mettent des terrains à disposition pour des jardins partagés. Associations et collectifs d'habitants les utilisent pour développer des potagers, mais aussi réunir les habitants, qui se retrouvent toutes les semaines.
A Rountzenheim-Auenheim, les membres de l'association Demain autrement se retrouvent chaque samedi, dans les jardins du centre du village, juste à côté du cabinet médical. Les uns s'occupent de lasagnes en permaculture, les autres plantent... Ici, 25 personnes s'affairent dans le jardin de 300m². Et en profitent pour lancer des blagues, discuter en même temps. Ce qui marque, dans ce jardin partagé, c'est la bonne ambiance. Chacun s'épaule, donne des conseils. Alexandre Wurth, paysagiste, tient à transmettre ses connaissances, y compris à ses deux enfants de 11 et 4 ans. "J'aime bien jardiner, mais seulement quand il fait beau !", lance Tamara, l'aînée. "En tout cas, j'ai hâte de goûter ce qu'on plante", poursuit-elle.
Alexandre Wurth a aiguillé le comité de l'association sur le choix des plantes. "On a évidemment des tomates, des salades, des poireaux... mais j'ai aussi voulu apporter une touche d'originalité avec des plantes qu'on a oubliées, avec le temps. C'est ainsi que nous avons planté un faux poivrier ou encore un Paw paw. Beaucoup de personnes me posent des questions, elles sont curieuses car elles ne connaissent pas ces plantes. C'est tout l'intérêt : les intéresser à des choses qu'on n'a plus l'habitude de voir parce que l'impératif de rendement a pris le dessus", explique le paysagiste.
Contrairement aux villes où chacun dispose de sa parcelle, ici, tout le monde se partage le terrain, plante et récolte ce qu'il souhaite. L'idée d'un jardin partagé, c'est le fondateur de l'association Laurent Dittgen qui l'a eue. L'année dernière, en plein confinement. "Cette période nous a tous fait réfléchir. On a compris que le fonctionnement actuel ne convenait plus, qu'il fallait agir. Alors que j'ai croisé un ami en sortant promener mon chien, on en a discuté et on s'est dit qu'on allait lancer notre association", explique-t-il. Un an après, il tire un bilan plus que positif. Et tient à préciser qu'"il ne faut pas obligatoirement être membre de l'association, notre jardin est ouvert à tous !".
A Woerth aussi, un jardin partagé vient tout juste de voir le jour. "On plante tout ce qui pousse bien chez nous. Ici, vous avez différentes salades, là, du céleri..." désigne Andrée Burkhardt, adjointe au maire en charge du jardin partagé. Ici, comme à Rountzenheim-Auenheim, "rien n'est traité. On laisse tout au naturel. Les plantes poussent comme elles veulent ! Ces fruits et légumes ne seront pas calibrés, et pas impeccables comme ceux que l'on trouve dans les supermarchés, mais niveau goût, ça n'a rien à voir", estime Bernard Walther.
Si la commune a décidé de faire du terrain reçu un jardin partagé, c'est justement "pour encourager les gens à faire leur propre potager, chez eux. Beaucoup ont peur, ne savent pas s'y prendre et pensent que c'est énormément de travail. Ici, nous leur montrons comment s'occuper d'un potager. Ce n'est pas si compliqué", raconte Andrée Burkhardt, tout sourire. Ici aussi, chacun plante et se sert à sa convenance. Ce concept attire des habitants du centre, qui n'ont pas de jardin.
Si les habitants de Woerth se retrouvent ici pour jardiner ensemble, le but est aussi de se réunir pour passer de bons moments. Pour cela, Michelle-Anne Lienhardt a même été désignée comme "animatrice du Bàbbelgàrde". "Et j'ai plein d'idées en tête ! J'aimerais par exemple que les passants - car beaucoup de gens se baladent dans les environs - puissent nous rejoindre autour d'un café. L'été, on pourrait oganiser des soirées musicales, dans le jardin. L'objectif est que ce jardin soit un vrai lieu de rencontre et de discussions", conclut-elle.