C’est une tradition deux fois par an à Longwy: une grande vente des fins de série et émaux de second choix dans la salle des fours de la faïencerie. Celle de noël aura bien lieu les 12 et 13 décembre 2020, sur réservation.
La salle des fours de la Manufacture des Emaux de Longwy, où les pièces sont cuites, ouvre ses portes traditionnellement en fin d'année pour un grand week-end de braderie. Une vente d’émaux de second choix et de fins de séries à moins 60% qui devait avoir lieu en novembre 2020 et a été repoussée. Cette année, épidémie oblige, elle est organisée sur rendez-vous (cliquez ici pour accéder aux coordonnées) avec un protocole strict. Le parcours sera fléché dans l'usine et pas plus de dix personnes ne seront admises en même temps. Comme, il ne reste déjà plus que quelques places, des pièces seront envoyées aux deux boutiques de Metz et Nancy, qui viennent de rouvrir, pour permettre à plus de personnes d'y avoir accès.
Du soutien pendant la crise
"On serre les dents, on fait le dos rond et on travaille", explique Martin Pietri, le PDG.
Avec la fermeture de ses boutiques mais aussi de toutes celles des revendeurs en France (les petits magasins de décoration) et un chiffre d’affaire en chute dans les zones touristiques, l’année a été compliquée pour l’entreprise.
Malgré cela, les émaux engrangent des petites réussites qui réchauffent. En novembre, les clients se sont reportés massivement sur le virtuel, faisant multiplier par deux les ventes du site internet.
"Les gens sont très fidèles, notamment dans le quart Nord-Est de la France et ça c’est une chance. Certains clients nous ont dit expressément, on achète des pièces pour vous soutenir".
Un patron qui a également constaté un regain d’achats après le premier confinement. Comme s’il était devenu encore plus important de se faire plaisir. "Cet attrait pour le made in France ou le made in Lorraine, on le ressent déjà depuis deux ou trois ans. Mais cette période a vraiment été un accélérateur".
Regards tournés vers 2021
Le plus dur est de se projeter dans l’avenir. Si 2020 a été sauvée grâce aux aides (de l’Etat et des collectivités), au chômage partiel et à la fidélité des clients, l’année à venir sera cruciale. Pour cela les émaux regardent vers l’international. Pour l’instant, la part des ventes à l’étranger n’est que de 15 à 20%. La manufacture de Longwy devrait bientôt être référencée sur un grand site de vente de luxe aux Etats-Unis.
Il faut aussi continuer à perpétuer les savoir-faire. Malgré la crise, deux apprentis sont en formation cette année.
Une entreprise révolutionnaire
Les émaux à Longwy c’est une histoire vieille de 222 ans. En 1798, la famille Boch fonde la faïencerie dans un ancien couvent. C’est Napoléon 1er qui fera son succès en lui commandant les services de table de la Légion d’Honneur, ornés de l’aigle impérial.
Vers 1870 c’est le grand boom de l’orientalisme dans l’art. Pour combattre la concurrence asiatique, les fils du baron Huart vont débaucher dans une usine japonaise un artiste italien Amédée de Carenza. C’est lui qui créera les premiers émaux cloisonnés.
La manufacture a compté près de 400 ouvriers après-guerre. Malgré des coups durs, aujourd’hui, une trentaine de salariés perpétuent ce savoir-faire de 200 ans.