Plombée par les dettes, la société d'exploitation de Vatry-Europort (SEVE) ne sera plus soumise à une gestion privée : c'est le Conseil départemental qui reprend les rennes et qui devra assumer directement les pertes de Vatry. De quoi malgré tout éviter à Vatry un dépôt de bilan...
Pour une fois la majorité et l'opposition socialiste ont voté à de rares exceptions dans la même direction. Ce vendredi 11 mars 2016, le Conseil départemental de la Marne a entériné le passage de la gestion de l'aéroport de Paris-Vatry en régie publique. Autrement dit, au lieu de subventionner fortement une société privée en charge du fonctionnement de la plateforme aéroportuaire, c'est la collectivité qui s'occupera désormais de la gestion en direct.
70 emplois sauvés
Cette solution, c'était l'unique chance de sauver Vatry. Les chambres de commerce de Châlons-en-Champagne et de Troyes se sont retirées. L'aéroport qui n'a jamais été rentable s'est toujours rêvé en troisième aéroport parisien. Las, le trafic marchandise et le transit des passagers low-cost reste trop faible : l'équipement a accusé 1,5 millions d'euros de déficit en 2015.
Selon René-Paul Savary, le président (LR) du Conseil départemental, ce nouveau montage ne coûterait pas plus d'argent au contribuable. Il permettra de sauvegarder les 70 emplois du site ; l'équipe de direction de la SEVE conservera aussi sa place à la tête de la régie. Autrement dit, au lieu de subventionner massivement une société privée, la collectivité dépensera directement son argent dans l'aéroport.
Plombée par les dettes, la société d'exploitation de Vatry-Europort (SEVE) a déposé le bilan. Finie la gestion privée de l'aéroport : c'est le Conseil départemental qui reprend les rennes et qui devra assumer directement les pertes de Vatry.
De Courson s'abstient, le FN vote contre
Parmi les voix dissonantes, le centriste Charles de Courson s'est abstenu lors du vote. Selon lui seul une gestion privée de l'aéroport reste souhaitable car le département ne disposerait pas des compétences pour faire fonctionner convenablement un équipement de ce type. Problème : Vatry n'attire pas les convoitises. Aéroport de Paris (qui lorgne actuellement sur le très rentable aéroport de Nice) n'a jamais montré d'intérêt pour la piste marnaise, visiblement trop excentrée de la capitale (Vatry est situé à 160km de Paris via la RN4).
Le Front National de son coté s'est prononcé en faveur de la fermeture pure et simple de l'aéroport, rappelant que seul une dizaine d'aéroports étaient rentables dans l'hexagone. Le parti d'extrême droite a cependant omis de mentionner les coûts de dépollution qui s'élèveraient à plusieurs dizaines de millions d'euros.
Dernièrement Vatry a ouvert de nouvelles destinations vers l'Algérie et le Maroc. La piste d'atterrissage devrait aussi accueillir certains vols de supporters durant l'Euro 2016 de football. L'activité restera néanmoins très largement insuffisante pour que l'équipement soit rentable à court ou à moyen terme.