Visé par une obligation de quitter le territoire, un père de famille de trois enfants a été expulsé, alors qu’il venait pointer au commissariat. Les parents d’élèves de l’école où est scolarisé l’un de ses enfants sont révoltés.
Théo (prénom d’emprunt) a dix ans. Il est scolarisé en CM2 à l’école Ferdinand Buisson, à Châlons-en-Champagne. Ce jeune géorgien est membre actif du conseil municipal des enfants de Châlons-en-Champagne. Depuis le samedi 18 février, sa vie est bouleversée. Son père n’est plus là. Frappé par une obligation de quitter le territoire, assortie d’une assignation à résidence, il a été renvoyé en Géorgie. C’est alors qu’il venait signer au commissariat qu’il a appris qu’il était expulsé.
Cela faisait quatre ans que Théo et ses parents étaient arrivés en France. Ils avaient demandé l’asile politique, une demande rejetée. Depuis l’arrivée de Théo en France, la famille s’était agrandie de deux petites sœurs de 3 et 2 ans. La plus grande est scolarisée en maternelle. Aujourd’hui la famille vit dans l’angoisse.
"Je ne dors plus. Je suis stressée", dit la mère de famille. Son mari a pu garder son téléphone. C’est lui qui l’a prévenue de son renvoi vers Tbilissi, la capitale de la Géorgie. "Son père est venu le chercher à l’aéroport pour l’emmener se cacher. Il reste discret car il est en danger, même pour parler", explique-t-elle.
La famille vit dans un logement du Centre Communal d'Action Sociale qui l’aide dans la vie de tous les jours. La maman était esthéticienne dans son pays. Le père était mécanicien. Ici, il donnait des coups de main par ci par là mais difficile d’obtenir un travail quand on n’a pas de papiers.
Nous sommes concernés en tant que parents. On ne se taira pas. Le seul crime de cette famille, c'est d'être resté.
Anthony Smith, représentant des parents d'élèves.
Depuis l’annonce de l’expulsion, des bénévoles du Secours Catholique ont décidé de les accompagner. Ils vont faire rencontrer à la mère de famille, des personnes confrontées à la même situation.
Une pétition a déjà recueilli des centaines de signatures
Anthony Smith est représentant des parents d’élèves de l’école Ferdinand Buisson, dans le quartier Rive gauche, à Châlons-en-Champagne. Sa fille y est scolarisée, tout comme Théo.
"En quelques heures, notre pétition, soutenue par RESF, a déjà recueilli plus de 330 signatures, indique-t-il. Elle nous permet de montrer qu’il y a une solidarité, de médiatiser, de parler de cette situation. Nous sommes concernés en tant que parents. On ne se taira pas. Le seul crime de cette famille, c’est d’être resté."
Depuis l’automne dernier, quand ils ont découvert qu’une OQTF concernait le père d’un écolier, les parents d’élèves de l'école Ferdinand Buisson ont entrepris plusieurs démarches. Des courriers ont été adressés au préfet, à Benoist Apparu, maire de Châlons-en-Champagne et à l’inspection académique, pour alerter sur cette situation.
"On a attendu. Il n’y a pas eu de réponse, explique Anthony Smith. Benoist Apparu, le maire de Châlons aurait pu avoir un mot… A minima, on nous reçoit. C’est une question humaine… C’est assez révoltant. On souhaitait que cette famille ne soit pas séparée, que les enfants puissent apprendre dans un cadre serein. L’école Ferdinand Buisson, où est scolarisé Théo, accueille des enfants de plus de 20 nationalités. Ils vivent dans des foyers qui jouxtent l’école. Il y a déjà eu des mobilisations. La différence est une richesse".