Forains : "On paie une fortune dans les assurances, les péages, le gasoil…"

Electricité, carburant, matières premières. L'augmentation des coûts à laquelle font face les forains pèse parfois lourd sur leurs épaules. La gestion de leur budget est devenu un défi au quotidien. Témoignages à la foire de la Saint Glin-Glin à Châlons-en-Champagne.

Plus que quelques jours pour la foire de la Saint Glin-Glin au Grand Jard de Châlons-en-Champagne. Fabrice Lavialle, forain ardennais connu pour sa friterie, fait les comptes avant le clap de fin du 26 février 2023 : "Par rapport à il y a trois ans, on a une augmentation de 10% de notre chiffre d'affaires grâce à la météo qui a été plutôt bonne cette année." Mais il ne faut pas s’y méprendre : pour arriver à ce résultat, le forain, qui va bientôt avoir 61 ans, a dû faire des choix. "Ça devient de plus en plus dur. Tout augmente. Il va falloir que ça s’arrête un jour parce que les salaires, eux, n’augmentent pas." Le prix des pommes de terre, par exemple, a doublé : il est passé de 35-40 à 70-80 centimes le kilo. Alors le travailleur itinérant doit faire des compromis.

"Quand je change de ville, entre Verdun et Compiègne par exemple, je fais 2 et parfois 3 aller-retours", explique-t-il. Propriétaire d’un seul camion, le forain "gagne au contrôle technique et à l’assurance" car le coût de plusieurs véhicules lui reviendrait trop cher. La hausse du prix du carburant ne va pourtant pas en l’arrangeant : "On est confronté à l’augmentation du gasoil. En tant que poids lourd, pour faire 300-400 km, je peux dépenser 500-600€."

Un forfait journalier pour l'électricité

Pour Fabrice Lavialle qui travaille dans la restauration rapide, ce sont les appareils de cuisine qui consomment beaucoup d’énergie. Heureusement pour lui, ces coûts ne devraient pas varier car la mairie prend en charge l’électricité. "On paie auprès de la municipalité un forfait journalier applicable dans toute la France", explique le forain. "Il est valable pour 3-4 ans, donc pour l’instant on est tranquille mais je fais quand-même attention car à 17€ par jour, ça chiffre vite".

Tous les forains ne sont pas logés à la même enseigne. Le prix du forfait peut varier en fonction des villes. A la grande fête d’automne de Charleville-Mézières dans les Ardennes, prévue en octobre 2023, les forains risquent de payer le double par rapport aux années précédentes à cause de la hausse du prix de l’énergie.

Fabrice Lavialle ne participera pas à la foire de Charleville, contrairement à son collègue William Remilly, propriétaire d'un manège, qui explique que c’est de plus en plus compliqué de rentrer dans ses frais. "On nous a prévenus que ça allait augmenter à Charleville. Ça risquait d'être quatre fois plus cher, finalement ce serait deux fois plus cher. Mais c’est vrai qu’avec la hausse des prix, on est obligé d’augmenter nos tarifs. En 2022, je suis passé de 4 euros le tour de manège à 5 euros. En fait, on ne peut pas ne pas augmenter."

Économiser, une préoccupation quotidienne

Avec trois camions, William Remilly fait près de 3 000 km par an. "On paie une fortune dans les assurances, les péages, le gasoil…", explique-t-il. "Finalement, on a tous les frais des routiers sauf qu’on est indépendant", résume-t-il.

"Avant, on laissait allumer les éclairages jusqu’à des heures infinies, ça faisait partie de l’esprit de fête foraine. Maintenant, on coupe quand on le peut"

Fabrice Lavialle, forain ardennais

Pour ces deux forains, il n'y a pas de petite économie. Au Grand Jard de Châlons-en-Champagne, dès que la fête est finie, Fabrice Lavialle éteint tout. "Avant, on laissait allumer les éclairages jusqu’à des heures infinies, ça faisait partie de l’esprit de fête foraine. Maintenant, on coupe quand on le peut". Dans cette même logique d'économie d'énergie, Fabrice Lavialle a changé il y a déjà quatre ans toutes les ampoules de son stand pour passer aux LED : "On a eu le nez fin", dit-il en souriant. Mais William Remilly tempère : "Pour nous forains, ça n'a rien changé à nos factures d'électricité mais c'est sûr que c'est mieux pour la consommation".

"Notre clientèle vient à 80% du milieu ouvrier. C'est déjà assez dur pour eux, alors nous on passe en dernier...ça se comprend", conclut Fabrice Lavialle. Face aux difficultés, le secteur reste positif et tente de s'adapter, sans remettre les problèmes à la Saint Glin-Glin.

La foire de la Saint Glin-Glin s'achève le 26 février. Mais les amateurs de fêtes foraines dans la région pourront se retrouver cette fois à Troyes, du 24 février au 19 mars. 

(Avec Prunelle Menu).

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