Violences urbaines après la mort de Nahel : "chez nous, dans nos quartiers, ce n'est pas que ce qu'on voit à la télévision"

En pleine période de violences urbaines, l'association À l'ombre des magnolias a réuni "les femmes et les filles des quartiers" au centre social Verbeau de Châlons-en-Champagne (Marne), ce dimanche 2 juillet. Histoire de montrer que les quartiers et leurs habitantes ont quelque chose d'autre à proposer et montrer.

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L'évènement, prévu de longue date, a été maintenu ce dimanche 2 juillet 2023. Il concernait la santé et la beauté des femmes et a duré jusqu'à 17h00.

Rendez-vous était donné au centre social et culturel (CSC) du quartier Verbeau de Châlons-en-Champagne (Marne). Il s'agit d'un quartier périphérique du sud de la ville, en pleine réhabilitation (voir sur la carte ci-dessous).

L'association À l'ombre des magnolias, subventionnée par la municipalité et comptant 150 membres, est à la manoeuvre. Sa présidente, Fatima Djemaï, également conseillère municipale, explique à France 3 Champagne-Ardenne que sa démarche est de "créer du lien social et inter-générationnel, de la mixité, une chaîne de solidarité. Dire que toutes les femmes ont droit d'exister, d'être belles, et qu'elles sont les chevilles ouvrières de la maison, de l'éducation. Vous allez voir comment elles se démènent. C'est extraordinaire."

Les "entrepreneuses qui habitent dans tous les quartiers de la ville, mais pas que", ont mis la main à la patte pour proposer ce moment aux  "femmes et les filles des quartiers" de Châlons. "Ça existe déjà en centre-ville, mais elles, elles l'ont fait dans un quartier de Châlons."

Parmi les douze stands présents, un est dédié à la santé et à la prévention. "Les autres sont tenus par des femmes auto-entrepreneures qui ont pignon sur rue dans les quartiers pour proposer du bien-être et de l'estime de soi, à des prix défiant toute concurrence." 

Prendre soin de soi voire défiler

"Ces femmes s'expriment en disant qu'elles sont toutes des mamans, qu'elles ont toutes grandi dans des quartiers. Qu'elles ne cautionnent pas cette violence urbaine. Elles veulent montrer qu'elles, elles ont trimé pour ouvrir leur commerce de proximité, qu'elles ont élevé des enfants, souvent seules, et qu'elles ne leur ont pas inculqué [la violence]. Aujourd'hui, on montre qu'on est là et qu'on a envie d'être actrices dans notre cité." 

Elles veulent montrer qu'elles ont trimé pour ouvrir leur commerce de proximité, qu'elles ont élevé des enfants, souvent seules, et qu'elles ne leur ont pas inculqué la violence.

Fatima Djemaï, présidente d'À l'ombre des magnolias

Le maintien de ce salon était important. "Je sais que dans beaucoup de villes de France et de Navarre, des activités ont été suspendues, surtout le soir. Nous, c'est en journée. Il y a eu une telle organisation pour cet évènement qu'il n'était pas concevable [pour ces femmes] qu'elles annulent. On travaille dur toute l'année, et aujourd'hui, on va proposer des prestations à des femmes. C'était important pour elles." La présidente cite des poses de vernis par cher par une esthéticienne, des massages à prix réduits, des ventes de bijoux artisanaux. Un défilé de mode "de femmes issues de tous les quartiers" est même prévu à 15h00. Et des mamans se sont "mobilisées pour vendre des crêpes". (voir publication Facebook ci-dessous)

"Les quartiers, ce n'est pas que ce qu'on voit à la télévision." Elle présente alors une ribambelle de ces comparses : l'une est d'origine comorienne et son mari est militaire, l'autre a grandi dans ce quartier, une troisième a été victime de discriminations... "Je pourrais vous citer Nadia, infirmière libérale sur le Verbeau, ou Najat, qui a suivi des formations pour ouvrir son salon de massages. Et Molly Mode, qui a ouvert sa petite boutique de prêt-à-porter chez elle." Elles méritent d'être connues. "On les appelle les invisibles des quartiers. Pourquoi ? Parce qu'elles sont dans les quartiers et qu'on n'entend pas parler d'elles. Et pourtant, elles ont des clientèles des quartiers [et du centre-ville]. Aujourd'hui, on leur dit qu'elles peuvent être belles. Que leur faire un petit clin d'oeil, c'est important. 

Accompagnement toute l'année, pour les femmes et les jeunes aussi

Les revenus récoltés permettront de financer un local destiné "à des ressources et à de la médiation", ainsi qu'un petit voyage "à prix dérisoire" pour permettre à ces femmes de découvrir d'autres horizons. Ces voyages, ou des séances d'aquagym ("pas loin de 60 inscrites alors qu'elles n'avaient jamais mis les pieds dans un bassin") ou de yoga, ou encore de marche avec un diabétologue (40 inscrites)... Autant d'activités pour permettre "à des femmes qui arrivent avec leur foulard, d'autres avec leur survêtement, d'autres encore avec leur tailleur" de décompresser et de se mélanger. "Il y a une incroyable mixité." La plus âgée est octogénaire. Des cours de fitness sont prévus pour septembre. 

Des cafés-débats sont régulièrement organisés, par exemple sur le thème des violences conjugales. "Ou des dîners-débats. Là, on privatise un restaurant, et le but est de faire sortir ces femmes dans les restaurants du centre-ville. On leur dit : pour un soir, vous mettez les pieds sous la table [et on s'occupe de vous]."

L'association est déjà active au forum des métiers organisé au Capitole durant l'automne. "Avec une trentaine de stands. On a associé l'entreprenariat de ces femmes des quartiers. Des stands police et gendarmerie et pompiers pour montrer qu'on peut y ouvrir la porte à ces jeunes. La Banque populaire est là aussi pour attirer des jeunes filles. La santé également avec le stand d'une infirmière libérale." De quoi susciter des vocations. Il en sera à nouveau de même en octobre 2023. 

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