Au 20ᵉ jour de leur grève, les personnels de la cimenterie Calcia de Couvrot (Marne) ont reçu un long message vidéo du fondateur des Insoumis, saluant leur "courage" dans une lutte "hautement significative de notre époque".
"Marina Mesure, députée européenne, m'a dit qu'un message serait bien reçu par vous, vous donnerait du courage et ferait ressentir la force de l'amitié qui nous lie"... C'est par ces mots que débute une longue vidéo de Jean-Luc Mélenchon, qu'ont reçue ce lundi 25 septembre au soir les grévistes de Calcia, via la messagerie Whatsapp. Le fondateur de La France Insoumise se dit "très impressionné" par le "nombre de grévistes". Les trois quarts des salariés ont cessé le travail depuis début septembre. "Pourquoi, s'exclame-t-il, ne pas bien traiter les gens quand ils travaillent, quand leur travail donne satisfaction ? Pourquoi les brutaliser, les humilier, les pousser dans leurs retranchements, comme si le projet patronal était de vous pousser vers la sortie ? Non, tout cela est inacceptable".
Je suis impressionné de voir qu'en plus de la prime que vous demandez (..), il y a dans vos revendications une exigence de respect de la dignité des travailleurs. Vous mettez le doigt sur quelque chose de très important.
Jean-Luc Mélenchon aux grévistes de Calcia
Ce message de 5 minutes 32 constitue "un nouveau soutien, et pas des moindres", se réjouit un représentant CGT, qui préfère ne pas donner son nom, vu "le directeur que nous avons." Comme le syndicat, le tribun se réjouit que d'autres sites du groupe "envisagent d'entrer dans la lutte". Des débrayages sont annoncés ce mardi dans le Gard, le Calvados, et le ton monte également dans les Yvelines, avec les riverains de la cimenterie.
Jean-Luc Mélenchon évoque justement "les poussières que vous respirez," qui "sont aussi celles que respirent les habitants du village. (...) Les gens qui vivent" à proximité de l'usine, "eux aussi à leur tour, se sont alertés des conditions dans lesquelles la production se fait dorénavant. Les précautions qui ne sont pas prises concernent aussi les habitants."
Joint par France 3, le maire de Couvrot n'était pas au courant ce mardi de la publication de cette vidéo. "Il est dans son rôle, il soutient les salariés, c'est normal", commence-t-il par réagir. Mais concernant ces poussières, même si "depuis juin je n'ai pas constaté de problème", Olivier Delcombel avoue partager la même inquiétude : " on sait très bien que la cimenterie fait partie des 50 sites les plus pollués de France en termes de CO2. J'imagine que s'ils ne respectaient pas les normes, il y aurait des mesures prises... Ce que je comprendrais moins, c'est qu'il y ait du relâchement par rapport à l'entretien des filtres qui permettent de lutter contre les émissions de CO2 et ces poussières. C'est quand même l'air que l'on respire..."
Les premières négociations tournent court
Cette vidéo de soutien est parvenue aux grévistes à la veille de leur toute première négociation avec la direction de Calcia, qui s'est tenue ce mardi matin. "Elle a tourné court très vite", indique un représentant CGT de l'usine. "Le directeur n’a pas souhaité les points importants de nos revendications, seulement les articulations autour de celles-ci. Vous vous doutez bien qu’au bout de 21 jours, on n’en est plus là".
Dans un communiqué envoyé à la mi-journée aux rédactions, la direction de la cimenterie regrette de son côté que "cet échange" n'ait "pu se tenir, "la délégation ne souhaitant pas négocier sur les revendications relatives aux conditions de travail mais uniquement sur le montant d’une prime et les embauches". "La direction", conclut-elle, "regrette cette posture," propose une nouvelle réunion "dès demain mercredi" et souligne en même temps avoir saisi le tribunal judiciaire, "suite à des agissements ayant entraîné des dégradations des installations et des blocages illicites".
Pas de quoi apaiser les débats.