Ils ne veulent pas d'un ballet de camions sous leurs fenêtres. Les riverains de l'ancienne carrière de Guitrancourt, dans les Yvelines, demandent à Calcia de revoir sa copie. Le cimentier a prévu de remblayer le site mais il veut acheminer la terre nécessaire par la route. Associations et élus plaident pour une autre solution.
Un camion toutes les trois minutes pendant trois ans, voilà ce que redoute le maire d'Issou (78). Des poids lourds qui vont traverser sa commune en empruntant la D190, une route "déjà bien fréquentée donc je vous laisse imaginer ce que peuvent donner trois camions de plus par minute avec toutes les nuisances environnementales, sonores, que l'on peut imaginer" s'inquiète Laurent Giraud.
Pendant un demi-siècle, Calcia a exploité ce qui fut la plus grande cimenterie d'Europe dans le parc naturel régional du Vexin. Dans cette carrière, l'entreprise a prélevé des millions de tonnes de calcaire pour en faire du ciment mais depuis deux ans, le site n'est plus exploité et Calcia a l'obligation de le reboucher.
Près d'une partie qui a déjà été comblée il y a quelques années, le directeur du site explique les futurs travaux : "L'idée, c'est d'aplanir les pans de chaque côté de la carrière pour avoir quelque chose de naturel où on aura une partie du bois qui est prolongée et puis, conformément à l'arrêté préfectoral, un verger sera reconstruit, un étang en partie basse et puis des plaines agricoles pour le reste", précise Régis Le Chenadec.
Une autre solution, moins bruyante mais plus coûteuse
Pour financer ce remblaiement, Calcia va récupérer les gravats des travaux du Grand Paris Express. Des chantiers qui payent cher pour se débarrasser de ces terres inertes. Mais pour éviter que les remblais arrivent par camion, les riverains, eux, préféreraient que Calcia utilise un tunnel anciennement utilisé pour descendre le calcaire entre la carrière et la cimenterie.
"Le convoyeur n'est pas prévu pour remonter la matière donc oui, c'est faisable techniquement, mais les modifications ne sont pas compatibles avec le délai du projet tel qu'on l'a présenté", admet le directeur du site.
Une solution trop longue mais aussi trop chère selon Calcia. Le groupe espère avoir réaménagé sa carrière avant 2027. Les premiers camions pourraient débarquer sur la départementale d'ici quelques semaines.