Suicide d'un adolescent harcelé à Poissy : les parents "outrés" par le courrier du rectorat

Les parents de l'adolescent, qui s'est suicidé début septembre à Poissy dans les Yvelines, victime de harcèlement scolaire, se sont dits "outrés" par un courrier du rectorat de Versailles reçu en mai dernier qui jugeait leur "attitude inacceptable".

"Nous avons été outrés et effarés de recevoir de telles lettres." Les parents de Nicolas, l'adolescent qui s'est suicidé à la rentrée à Poissy dans les Yvelines ont régi suite à la publication récente de courriers que leur a envoyés le rectorat de l'académie de Versailles.

Dans un courrier datant du 4 mai dernier, le rectorat demandait aux parents d'adopter une "attitude constructive et respectueuse" à son égard, évoquait les risques pénaux d'une dénonciation inexacte et parlait d'un "supposé harcèlement" subi par leur enfant. L’académie de Versailles avait estimé que la mère et le père du jeune Nicolas auraient "remis en cause" l'attitude des personnels de l'établissement scolaire. Les parents avaient précédemment reproché la passivité de l'académie face au harcèlement que leur fils subissait. 

Le 5 septembre dernier, Nicolas s'est donné la mort à Poissy. Un an auparavant, peu après la rentrée 2022, ses parents avaient signalé à l'équipe pédagogique du lycée de Poissy qu'il était harcelé. Sa situation avait "commencé à se dégrader" en octobre 2022, explique la mère de l'adolescent. "Mais nous avions confiance car le professeur principal était en relation directe avec le papa de Nicolas. Ils se sont vus plusieurs fois".

A la mi-mars, les parents ont appris par son psychologue que leur fils avait fait une tentative de suicide en janvier. "C'est à ce moment-là que nous avons tout mis en branle pour aider notre fils, main courante, rendez-vous avec le proviseur, échanges de courriers, etc.", a-t-elle énuméré.
Après un premier rendez-vous avec l'équipe pédagogique, les parents ont envoyé un nouveau courrier au proviseur, où ils l'informaient qu'une main courante avait été déposée. Mais ils n'ont reçu en réponse que les lettres rendues publiques samedi.

Les associations choquées

Pour Nora Fraisse, fondatrice de l'association de lutte contre le harcèlement, Marion la main tendue, "ce genre de courriers où se mêlent culpabilité et parfois menace d'enquête sociale sont malheureusement fréquemment envoyés dans ces cas-là". 

De son côté, Ghislaine Morvan-Dubois, membre du Conseil d'administration de la Fédeation des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE) s'est dite "choquée" par le contenu de la lettre. "C'est terrible pour les parents de recevoir une lettre d'une telle violence et d'être menacés de sanctions.", indique-t-elle.  Elle précise que des demandes d'audits avaient été faites localement suite à des cas de harcèlement scolaire. En tant que fédération de parents d'élèves, la FCPE préconise de "croire l'enfant", précise-t-elle au sujet des cas de harcèlement scolaire. "Il faut respecter la parole des victimes", estime-t-elle.  

Les réactions du gouvernement

La mère du jeune homme n'a pas encore précisé si elle compte porter plainte. "Avant de prendre cette décision, nous attendons les résultats des enquêtes et les actions qui seront menées par le gouvernement", a-t-elle expliqué lors d'un échange écrit avec l'AFP dimanche.

Deux membres du gouvernement ont réagi samedi, après la publication des lettres du rectorat et du proviseur du lycée par BFMTV.

La Première ministre, Elisabeth Borne, a qualifié de "choquant" le ton de la missive. "Ce courrier est une honte, une honte", a pour sa part déclaré Gabriel Attal, qui a ordonné une enquête administrative.

Pour la mère de l'adolescent, ces réactions officielles ont montré qu'enfin, leur "fils était reconnu dans sa souffrance et son harcèlement". "Nous ne savons toujours pas si une sanction même symbolique a été émise à l'encontre des harceleurs", a-t-elle néanmoins déploré.

Le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a demandé l'ouverture d'une enquête administrative peu après ce drame. Ce lundi, il doit réunir les rectrices et les recteurs de tout le pays "pour un audit dans l'ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées aux rectorats sur l'année passée".

"Protéger nos enfants"

Cet audit, l'association Marion la Main Tendue l'attend de pied ferme. "Il faut donner les moyens au personnel de l'Education Nationale de protéger nos enfants", explique Catherine Jacquet, membre de l'association qui lutte contre le harcèlement scolaire. "On attend de la fermeté et de l'action pour qu'il n'y ait plus d'enfants qui meurent", a-t-elle poursuivi.   

Contacté ce lundi, le rectorat de Versailles n'a toujours pas répondu à nos sollicitations.

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